Quelles sont les spécificités des écrits en anglais ? - Interview de Isabelle VIGLA

  • Partager via facebook
  • Partager via Twitter
  • Partager via LinkedIn

Interview de Isabelle VIGLA, consultante-formatrice bilingue en efficacité professionnelle et management

Elle anime la formation Ecrits professionnels en anglais

1.    Le "thinking global" et le "writing global" :

La société doit faire face à des changements très rapides depuis quelques années: on pense et on communique différemment. Qui ne connaît pas l'expression : « penser global, agir local ». Cet anglicisme, qui traduit la mondialisation, est utilisé des dizaines de fois dans une même journée en entreprise ou dans les journaux.

Le thinking global a naturellement une incidence sur notre façon d'écrire. Nouvelles technologies, immédiateté de la pensée reproduite  par des mots, il faut percer rapidement les filtres culturels, trouver une voie commune et praticable par tous en développant de nouveaux réflexes, au risque de paupériser les langues.

Sommes-nous d'une culture « à message implicite » (comme les Français) ou « à message explicite » (comme les Anglophones), une culture orale ou plutôt une culture écrite ... ? Comment faire coïncider ces contraintes, être compris de tous, sans blesser qui que ce soit? Ces contraintes doivent-elles être encore prises en compte ? Nous nous posons de nombreuses questions mais gagnons en spontanéité.

2.    Quelles sont les spécificités des écrits en anglais ?

C'est l'efficacité qui est requise, la pertinence. N'oublions pas que la langue anglaise est la langue du business ! On entend par « efficacité », la clarté, la simplicité et l'authenticité. Il faut aller au-delà des tendances et orientations culturelles pour choisir un mode de rédaction lisible par tous : il s'agit de l'explicite.

Il est dur pour un Français d'être bref. Ne pas écrire avec style est également  inconcevable. Quelle difficulté pour un Français de faire court, sans y mettre la forme ! Les formules d'appel dans les mèls sont trop formelles et rappellent celles des lettres.

Combien de fois ai-je entendu des stagiaires en formation me dire venir pour travailler leur rédaction d'emails : leur hiérarchie leur reproche souvent de « faire trop long » ou « d'être trop abrupt et de ne pas assez mettre les formes ». Les gens sont souvent perdus et déstabilisés, car ne possédant pas assez la maîtrise de la langue anglaise. 

A la difficulté du choix des mots vient se greffer la difficile et lente maîtrise du sens en anglais ! La difficulté augmente dès lors que l'Anglais n'est écrit que par des non « natives » ... générant des erreurs de compréhension et elle est toujours là lorsque l'on écrit à un Américain ou à un Anglais ... on parle de « Britt - English » et « d'Amer- English ». Certains mots parfois n'ont pas le même sens, et les formules d'usage sont très différentes, beaucoup plus nombreuses et variées par exemple en anglais américain qu'en anglais britannique. Il faudra donc s'appliquer à être clair et concis dans un courrier d'affaires.

La courtoisie restera naturellement de mise : on pardonne beaucoup à quelqu'un qui fait l'effort d'être courtois... même avec maladresse !

A ce sujet, je me souviens d'un article faisant référence à la mauvaise utilisation par les Français du verbe « want » dans les écrits professionnels, ressenti par les Anglais comme étant un signe de domination, de supériorité, de condescendance. Les Anglais prenaient cela « pour un ordre donné » et le vivaient mal en affaires ... En un mot, ce n'est pas le contenu, mais la forme qui compte dans toutes les cultures !

3.       Maîtriser les règles de présentation des écrits pour un public anglophone : quelle structure pour quel objectif ? Quelles différences avec notre façon de faire ?

Dans  Working with Americans*, le message est clair : pour les Américains, il faut commencer en ayant déjà en tête le résultat : pour comprendre leur style de communication, il est nécessaire de comprendre que leur communication est liée à leur façon de gérer leur temps.

Ce qu'ils reprochent souvent aux Français est de répondre tardivement, de se noyer dans les détails et de rédiger des écrits trop longs. « No time to talk, I need it in writing ! ». Il faudra donc exposer l'essentiel et minuter sa prestation. Le rythme aura toute son importance.

Les Américains ne veulent des faits, rien que des faits ! Ils veulent des chiffres, des données, des faits précis et parlants : c'est la loi du pragmatisme.

Fort de cette connaissance, il est recommandé d'exprimer clairement - dès les premières slides d'une présentation - le titre, l'objectif de communication et l'objectif de résultat, ainsi que les points développés dans la présentation. Il faudra également penser à mentionner les coordonnées de l'orateur en charge du projet.

Chaque slide devra être claire et non pas surchargée, exploitable par n'importe quel collaborateur. N'oublions pas que la stratégie d'une entreprise américaine est de contacter en premier non pas le décideur, mais la base ; c'est le fameux « bottom up » !

Quelques outils seront intégrés, comme par exemple le SWOT, pour l'aide à la réflexion et à la décision... Pour les Américains par exemple, on parle de la loi du pragmatisme en allant « droit au but ».

Simplicité, lisibilité et confort. Pas d'intellectualisme, de phrases longues, d'à peu près, de slides inutiles, sans message clé ni numérotation... comme beaucoup de slides françaises !

Lors de la présentation, il faut maîtriser son sujet : le professionnalisme est le maître mot. Combien de fois voyons - nous des Français lire leurs slides surchargées ... La première étape sera donc de se préparer, d'évaluer correctement les temps de parole, en s'entraînant. Pour ce qui est du vocabulaire, des listes entières existent et peuvent être mémorisées facilement. Les mots employés sont très concrets et ciblés pour chaque situation.

* : Allyson Stewart et Allen et Lanie Denslow

Juin 2015

Inscrivez-vous à notre newsletter

Recevez les articles du Mag des compétences