Infirmiers de santé au travail : vers plus d'autonomie ?

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Interview de Carine Boucher, Infirmière du travail, Psychologue du travail et IPRP

Carine Boucher anime les formations :
- L'entretien infirmier en santé au travail
- Cycle Infirmier(e) du travail: Formation + Analyse de pratiques

Diriez-vous que le métier d'Infirmier du travail évolue ? Pourquoi ?

L'évolution du métier d'infirmier de santé au travail est liée à plusieurs facteurs :
- l'évolution des contextes d'exercice professionnel,
- l'évolution des parcours professionnels des salariés,
- et aussi la réglementation de la santé au travail.
Par conséquent, l'évolution du métier est incontestable et légitime.

La santé au travail devient un enjeu de santé publique (maintien des séniors dans l'emploi, pénibilité au travail, prévention des risques professionnels, etc.). L'infirmier de santé au travail, lorsque les moyens lui sont donnés d'exercer pleinement ses missions, est un interlocuteur de choix, expert des problématiques de la relation santé-travail.

Quelles sont les principales difficultés ou situations-problèmes que rencontrent aujourd'hui les infirmiers du travail dans le cadre de leur fonction ?

La latitude d'exercice infirmier en santé au travail est trop souvent uniquement reconnue et corrélée aux missions déléguées par le médecin. 

En fait, cet exercice est souvent beaucoup plus dense et riche de par la connaissance des contextes professionnels et des salariés lorsque l'infirmier exerce en service autonome. En service inter-entreprises, lorsqu'une vraie place est pensée et organisée pour seconder le médecin dans ses missions, l'infirmier peut exercer pleinement ses compétences liées au rôle propre et celles liées au rôle prescrit.

Malheureusement, il semblerait que trop souvent l'activité infirmière soit empêchée, voire réduite à des tâches administratives. Il est important que les infirmiers préservent leurs marges de manœuvre pour exercer toutes les dimensions du métier, être reconnus et préserver ainsi leur propre santé. 
La nouvelle réglementation et le contexte national quant à la santé au travail semblent susciter quelques inquiétudes de la part des médecins qui hésitent à faire une vraie place aux infirmiers.

Quels sont vos conseils pour y faire face ?

Se centrer sur le rôle propre pour préserver son identité et son autonomie, s'ancrer sur les fondements du métier.

Fort et clair de cette identité différenciée, l'infirmier de santé au travail est ainsi disponible pour co-construire les bases de coopérations respectueuses des spécificités métier de chacun avec le médecin du travail en tout premier lieu, mais aussi avec tous les acteurs en lien avec la préservation de la santé des individus et des collectifs au travail.

L'infirmier de santé au travail a une place élective en matière d'accès aux problématiques que rencontrent les salariés et en matière de connaissances des risques professionnels vécus par les collaborateurs. Une posture assertive, valorisant la spécificité de ses compétences, peut contribuer à tisser des collaborations fondamentales pour la préservation de la santé de tous.

Vous animez le Cycle « Infirmier(e) du travail : Formation + Analyses de pratiques ». Pouvez-vous expliquer en quoi consiste ce cycle ?

Ce cycle permet justement de revisiter les fondamentaux du métier pour mieux appréhender et se saisir des enjeux de la réglementation en santé au travail et des spécificités de cet exercice.

Les apports théoriques, conceptuels et réglementaires en lien avec la pratique des participants, via des échanges et de l'analyse des pratiques professionnelles, permettent une articulation vivante entre théorie et pratique. Cette articulation ressource l'action de chacun des participants.


13/06/2014

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