Salarié désigné compétent en prévention des risques professionnels : rôle, missions et marges de manœuvre

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Interview de Stéphan De Clercq, Consultant en prévention des risques professionnels, et de Paul Idris, Ergonome

Ils animent le Cycle Chargé(e) de prévention.

Depuis le 1er juillet 2012, le Code du travail prévoit que l'employeur doit désigner « un ou plusieurs salariés compétents pour s'occuper des activités de protection et de prévention des risques professionnels » (Article L. 4644-1). Quelles sont les principales missions du salarié désigné compétent en prévention des risques professionnels ?

Stéphan De Clercq - Son rôle est celui d'un animateur sécurité, il est le conseiller de l'employeur sur les questions de santé et de sécurité au travail. Il l'accompagne dans la démarche d'évaluation des risques. Il réalise le suivi documentaire en prévention. Il se charge d'accompagner les vérifications et contrôles périodiques. Il anime des campagnes de sensibilisation. Il réalise formations et informations en prévention.

Le salarié chargé de prévention doit-il également se préoccuper de la santé mentale des salariés ?

Stéphan De Clercq - Oui, car il s'agit bien de santé au travail pour laquelle ce salarié accompagne l'employeur, et l'obligation légale en est effective depuis 2002.

Paul Idris - En effet, au-delà de l'aspect règlementaire qui stipule que « l'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » (Article L4121-1 du Code du travail), tout le monde s'accorde à dire aujourd'hui que la frontière est poreuse (si frontière existe) entre le mental et le physique. Il est nécessaire de prendre en compte l'ensemble des composantes d'une situation de travail qu'elles soient physiques ou psychologiques. L'homme est composé d'un tout, on ne peut pas faire abstraction de l'aspect mental que développe le salarié dans sa situation de travail.

En quoi peut-il lui être utile d'adopter une démarche ergonomique ? Quels en sont les avantages ?

Paul Idris - Une démarche ergonomique consiste à questionner le travail à l'aide d'outils propres à l'ergonomie. Cette démarche se base sur des observations réelles de situations de travail (quantifiables et qualifiables). Donc, du factuel. Cela permet de mettre l'ensemble des acteurs autour d'une table afin d'échanger sur une préoccupation commune qui est le travail grâce à des données objectives recueillies du quotidien de chacun.

Quelles difficultés peut-il être amené à rencontrer dans l'évaluation ou la prévention des risques en entreprise ?


Stéphan De Clercq
- Les difficultés rencontrées sont souvent corrélées avec la politique de santé/sécurité au travail dans l'entreprise.
Dans une entreprise non engagée, les salariés ne se sentent pas entrainés et émettront beaucoup de réticences surtout s'il y a une prépondérance de productivisme au dépend des autres politiques de l'entreprise.
Le salarié désigné pourra également ne pas avoir les moyens nécessaires ou ne pas être reconnu par les autres salariés comme un référent en prévention.
En revanche, si la direction est réellement engagée dans la démarche, alors le salarié compétent se verra soutenu et son travail facilité.

Paul Idris - Un préventeur est un travailleur de l'ombre, les réalisations de ce dernier ne sont pas toujours palpables comme pour les autres métiers. Cependant, la veille et la sensibilisation des différents acteurs, par le chargé de prévention, contribuent à une meilleure qualité de vie au travail. La prévention ne se fait pas seul. II est donc important d'impliquer tous les niveaux hiérarchiques afin de permettre à la santé au travail de se développer dans l'entreprise.

Comment le chargé de prévention doit-il se positionner par rapport aux autres acteurs de la prévention ?

Stéphan De Clercq - La démarche de prévention est une approche pluridisciplinaire et participative. Outre la collaboration avec la direction et les opérateurs, le préventeur en entreprise collabore avec le CHSCT qui est le représentant des salariés en la matière. Les échanges avec les acteurs externes à l'entreprise (médecin et inspecteur du travail, agents de la CARSAT) lui permettent de conforter différent point de vue dans cette démarche de progrès.

Paul Idris - Il est nécessaire de se positionner comme une personne ressource et fédératrice. La santé et la sécurité ne font, souvent, pas partie des objectifs directs des différents responsables de service (ingénierie, méthode,...). Il est donc nécessaire d'accompagner ces différents interlocuteurs afin de démontrer le lien, par exemple, entre des difficultés physiques à tenir un poste de travail et des absences pour cause de TMS.

14/04/2014

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