Apprendre à faire face et à sortir des situations difficiles - Interview de M-F. Crouail et M. Orlewski

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Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN et Martine ORLEWSKI animent la formation : Apprendre à faire face

Qu'est-ce qu'une situation difficile ?

Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN : Le contexte professionnel peut s'avérer parfois violent.
Le monde des entreprises évolue et demande de s'adapter à de multiples changements : contextes, organisation, management, relationnel, environnement de travail... Cela génère des situations dans lesquelles on peut perdre ses repères habituels et éprouver des difficultés à mettre en place de nouveaux modes de fonctionnement. La difficulté à surmonter certaines situations est telle que l'on peut se sentir dépassé, débordé, impuissant.

Martine ORLEWSKI : En effet, cela recouvre plusieurs types de situation mais dont le point commun est que la réalité objective ou la représentation subjective que s'en fait la personne fait appel à une adaptation qui semble supérieure à celle que le sujet a l'habitude d'avoir.  L'issue semble donc incertaine.
Il peut s'agir d'une situation nouvelle, ou comportant trop de tâches ou d'enjeux, une situation demandant des capacités ou compétences que le sujet n'a pas, une situation avec des incohérences ou objectifs contradictoires, des situations qui rappellent des situations antérieures mal vécues ou mal gérées et donc que l'on appréhende.

Comment peut-elle devenir déstabilisante, voire toxique ?

Martine ORLEWSKI : La situation devient déstabilisante quand avant ou pendant le déroulement de la situation, les éléments qui étaient identifiés comme difficiles à la place de s'aplanir et évoluer vers une résolution progressive perdurent ou s'accentuent et renvoient le sujet à un sentiment d'impuissance ou de dépassement qui le rendent anxieux. Cette anxiété va alors exagérer le mécanisme dans un cercle vicieux de coping négatif.

Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN : Si la difficulté perdure, l'état de déséquilibre s'installe comme une fatalité et on perd ses capacités à réfléchir et à agir sur la situation de façon constructive. On se laisse « miner », cela devient toxique.

Comment alors apprendre à se protéger ?

Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN : Se protéger c'est d'abord être capable de se poser, de prendre du recul et d'évaluer objectivement la situation. C'est éviter de se laisser emporter.
Cela permet d'adapter sa réaction, en tenant compte de ses limites et en fixant ses priorités.

Martine ORLEWSKI : Pour moi, il s'agit de :
- Favoriser un abord réaliste et pragmatique des situations difficiles avec une communication claire sur les attentes, difficultés et moyens à mettre à disposition.
- Tempérer les petites voix toxiques (sois parfait, fais vite, sois gentil, sois fort ou fais des efforts) pour se positionner d'une manière juste dans la résolution de la situation
- Rechercher la communication, collaboration, les aides possibles
- Se maintenir à un niveau adapté de stress, éviter de se mettre toujours en situation de défi
- Etre attentif à maintenir une bonne hygiène de vie (quantité suffisante de sommeil, alimentation régulière, loisirs et activités physiques, environnement relationnel et affectif, gestion de temps avec bon équilibre vie personnelle et vie professionnelle.

Quels sont les comportements efficaces ?

Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN : Le comportement efficace de premier secours est de s'écouter ! Il faut repérer les signaux émotionnels, corporels qui trahissent cet état d'inquiétude et trouver rapidement les ressources ou l'aide nécessaires pour surmonter la difficulté.
Le pire est de tenir coûte que coûte, de s'installer dans le déni, ou de se renfermer sur soi-même.

Martine ORLEWSKI : Je propose  3 axes :
- Se fixer des objectifs concrets, réalistes et atteignables, penser à fractionner les gros objectifs en petites étapes qui en étant atteintes plus facilement renforcent le sentiment de confiance en soi.
- Oser demander de l'aide quand c'est nécessaire et parler avec ses responsables ou collègues des difficultés pour favoriser un élargissement de point de vue
- Se préparer par la visualisation anticipatrice positive et apprendre à mieux gérer ses émotions

Quelles sont les attitudes négatives ?

Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN : Le pire est de tenir coûte que coûte, de s'installer dans le déni, ou de se renfermer sur soi-même.

Martine ORLEWSKI : Se mettre trop la tête dans le guidon, trop de pression permanente, devenir obsessionnel sur la situation en se couchant et se levant avec ou au contraire rentrer dans l'évitement et la procrastination, minimiser les difficultés et rentrer dans une résolution au jour le jour, s'isoler pour résoudre dans son coin et tout seul le problème...

Et si vous aviez un conseil ou deux à donner ?

Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN : Garder à l'esprit que mieux se connaître, travailler sur soi est un outil d'efficacité et d'adaptabilité.
Détecter ses ressources pour « s'aider soi-même » et préserver son équilibre.

Martine ORLEWSKI : Se donner un temps de réflexion avant de commencer pour se poser les bonnes questions et définir la meilleurs stratégie, les étapes , les aides nécessaires, les limites ou délais à se fixer
Quand on se sent dépassé, ne pas vouloir à tout prix résoudre seul la situation, en parler avec des personnes de confiance et ne pas hésiter à se faire aider mais aussi à poser des limites ou dire NON.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots

Marie-Françoise CROUAIL-GUILMIN : Après une formation initiale à l'Ecole du Louvre et un cycle universitaire en Histoire de l'Art, mon parcours professionnel m'a conduit à occuper différentes fonctions liées à la formation, la communication et l'organisation.
Actuellement et depuis plusieurs années, je suis formatrice en efficacité professionnelle et en développement personnel et aussi sophrologue.
Cela m'amène à intervenir dans les entreprises sur des thématiques variées : gestion du temps, écrits professionnels, traitement de l'information, gestion du stress et des émotions, open space et je transmets mes savoir-faire  avec passion.
Tous les jours mon expérience s'enrichit des nouvelles rencontres avec les stagiaires. Ensemble, nous travaillons, échangeons, partageons à partir des situations et des problématiques qu'ils apportent, pour aller vers plus d'efficacité, de sérénité et de confiance en nos capacités.

Martine ORLEWSKI : Passionnée par la relation humaine et confiante dans la capacité qu'à chaque être humain de pouvoir surmonter des situations difficiles en les utilisant comme terrain de développement de ses compétences, mon métier de médecin complété par une approche psychothérapeutique et de communication m'a permis d'aborder l'individu en difficulté dans une dynamique de changement où ses faiblesses ou blocages deviennent opportunités de transformation et libération. Il est alors possible d'éviter l'évolution vers la pathologie et au contraire favoriser la prévention en prenant appui sur des outils qui rendent le sujet plus conscient et acteur. Les outils font appel à un éventail large de techniques comme la sophrologie, la respiration, la visualisation, les techniques d'affirmation de soi et de gestion des émotions. Le respect et l'adaptation de ces outils à la personnalité de chacun est une des clés fondamentales de cet accompagnement qui s'effectue autant en individuel qu'en situation de groupe. Mon habitude du travail en consultations et en formation en entreprise permet de favoriser l'adaptation aux  situations concrètes et la rapidité d'action liés à la souplesse du mixage des différentes techniques, ce qui constitue un réel atout permettant de coller rapidement à une situation pour en favoriser son évolution.

mars 2014.

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