Prévenir et gérer l'absentéisme à l'hôpital

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3 questions à Jean-Marie Barbot, Président de l'ADRHESS (Association pour le Développement des Ressources Humaines dans les Établissements Sanitaires et Sociaux) et directeur de la Fondation Vallée à Gentilly

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- Une étude publiée en juin 2013, le projet Phares*, montre que le secteur hospitalier est 2 à 4 fois plus touché par l'absentéisme que les autres secteurs. Comment expliquer ce phénomène qui ne cesse d'augmenter ?
Il faut se méfier des affirmations excessives, voire inexactes, visant à stigmatiser l'hôpital public et ceux qui y travaillent.

L'hôpital n'a pas, loin s'en faut, le monopole de l'absentéisme même si cela reste une vraie préoccupation pour les dirigeants et les cadres hospitaliers.

L'exploitation du nouveau bilan social permettra à cet égard de disposer de données fiables et objectives sur un phénomène qu'il faut appréhender sous ses différents aspects, et en distinguant bien ce qui relève d'une part de l'absence au travail qui dans certains cas est programmée (ex : formation), et d'autre part de l'absentéisme qui, souvent imprévisible, désorganise les services.

Cet absentéisme a le plus souvent une origine médicale, mais il peut être aussi lié à d'autres facteurs (pénibilité, usure professionnelle, démotivation...)

Il ne faut pas négliger non plus que la perception de ce phénomène est sans doute plus grande aujourd'hui du fait des tensions de plus en plus fortes sur l'emploi que connaissent nos établissements.

 

- Pourquoi l'absentéisme représente-il un enjeu important pour les établissements de santé ?
Maitriser l'absentéisme est une nécessité en raison, notamment, d'un mode de financement (T2A) qui nous oblige à garantir un niveau d'activité compatible avec l'EPRD.

Or, les conséquences directes de l'absentéisme sont pour nos établissements :

- soit une baisse de l'activité et donc des recettes quand il faut fermer les lits faute de moyens ;

-soit une augmentation des dépenses quand il faut avoir recours à l'intérim ou aux heures supplémentaires.

Cela me conduit à préconiser un suivi systématique de l'absentéisme, certes au niveau de l'établissement, mais aussi au niveau du pôle qui, grâce à la délégation de gestion, doit disposer de marges de manœuvre nécessaires concernant plus particulièrement l'utilisation de moyens de suppléance.

Mais l'enjeu n'est pas qu'économique ; il est aussi social et il est de la responsabilité de nos institutions de veiller à la prévention des risques professionnels et à accompagner les agents faisant l'objet de restrictions médicales et qui sont de plus en plus nombreux.

 

- Quelles solutions spécifiques la DRH peut-elle mettre en place pour prévenir et gérer l'absentéisme dans les différents services ?
Il n'existe pas de panacée qui permettrait de supprimer l'absentéisme à l'hôpital : les réponses sont aussi diverses que les causes.

D'une manière générale, les stratégies mises en place par les DRH hospitaliers, en lien avec les CHSCT, s'articulent autour des axes suivants :

- Préserver la santé du personnel en lien avec les médecins et les psychologues du travail, ainsi qu'avec les ergonomes, ce qui permet notamment de réduire l'absentéisme pour raison médical ;
- Assurer un suivi systématique des accidents du travail
- Améliorer les organisations et les conditions de travail,
-Analyser la charge de travail sur le plan physique, psychologique et cognitif.

Différents dispositifs sont utilisés par les établissements pour mettre en œuvre ces actions (ex. : missions des ARACT, actions du Fonds National de Prévention...)

Et puis il ne faut pas oublier les vertus pédagogiques de certaines mesures qui, telles que le jour de carence, contribuent à responsabiliser chacun sur les impacts de son absence au travail.

 * Ce projet Phares a été mené entre 2009 et 2012 dans 10 établissements par une équipe de sept chercheurs en gestion (Écoles des mines de Paris et de Nantes, Universités de Nantes et Rouen) et un ergonome (cellule Acort)

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