Prévention des RPS : quel rôle en tant qu'élu au CHSCT ?

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Interview de Nicolas Spire, Expert agréé auprès des CHSCT, Aptéis

Nicolas Spire anime la formation Membres de CHSCT, jouez votre rôle dans la prévention des risques psychosociaux.

Depuis quelques années, on parle de plus en plus des « risques psychosociaux », mais est-ce réellement un phénomène nouveau ?

Il n'est pas rare à l'occasion de l'apparition d'une expression nouvelle que surgisse ce type d'interrogation : est-ce nous qui ouvrons les yeux ou bien le monde est-il vraiment en train de changer ? Plutôt que de répondre de façon trop attendue que la vérité est dans un juste milieu, il faut, je crois, prendre au sérieux les résultats produits depuis 30 ans par les diverses sciences humaines sur le monde du travail : qu'il s'agisse des économistes, des sociologues, des ergonomes ou des psychologues, tous soulignent à leur manière à la fois les bouleversements majeurs qu'a connu le monde du travail et les conséquences très lourdes que l'on a pu voir apparaître du côté des conditions de travail...

Quel est le rôle des élus du CHSCT dans la prévention des risques psychosociaux ?

L'émergence du CHSCT comme véritable acteur de la prévention des risques est contemporaine des évolutions que je viens de décrire et ce n'est bien sûr pas un hasard : les logiques de prévention les plus pertinentes, les plus efficaces ne peuvent être portées qu'avec les salariés. De ce point de vue, le rôle du CHSCT, et plus précisément des représentants du personnel qui y siègent, est crucial : c'est à eux que revient de faire remonter le point de vue du travail, du travail tel qu'il est réellement réalisé et vécu au poste de travail. Or c'est bien souvent ce point de vue-là qui a justement le plus grand mal à faire sa place dans l'esprit des directions ou des décideurs de l'organisation du travail...

Quels sont les outils à leur disposition pour encourager la mise en œuvre d'une démarche de prévention dans leur entreprise ?

Les outils sont multiples. D'abord, parce que le Code du travail (notamment depuis les lois Auroux de 1982) en a mis plus d'un à la disposition : le droit de visite, le droit d'enquête en cas d'accident du travail, le droit d'alerte en cas de danger grave et imminent, le droit de recourir à un expert en cas de risque grave constaté ou de projet modifiant les conditions de travail... Mais de façon plus générale, c'est surtout en faisant remonter dans les échanges et les discussions qui se tiennent en séance avec l'employeur, les enjeux et les difficultés du travail réel que leur mission prend tout son sens.

Si vous aviez 3 conseils à leur donner pour réussir à transformer le diagnostic des risques psychosociaux en pistes d'actions concrètes, lesquels seraient-ils ?

Il n'est pas forcément très pertinent de séparer ce qui a trait au diagnostic de ce qui relève de la logique de prévention : ce qui importe donc le plus souvent, c'est de porter un soin tout particulier au diagnostic. Le plus difficile en la matière, surtout lorsqu'il s'agit de collègues, c'est de sortir du registre de la plainte ou de la dénonciation d'une situation individuelle et de s'efforcer de traduire ce qu'on l'on relève auprès des salariés sur le terrain en facteurs de risques ou en enjeux organisationnels.
Alors, 3 conseils (très) rapides :
1) Toujours repartir du travail réel, de ce que vivent et font les salariés ;
2) Traduire les épisodes ou les événements en facteurs de risques : les enjeux du travail sont toujours collectifs ;
3) Promouvoir des actions de prévention au niveau de l'organisation du travail plutôt qu'au niveau des individus ou des personnes.

04/04/2013

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