Les nouveaux enjeux de la conduite de projet dans le secteur public

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Interview de Lionel Lacroix, consultant formateur en relations humaines, spécialiste de la conduite de projet dans le secteur public.

Il anime la formation « Réussir la conduite de projet dans le secteur public ».

Quels sont les nouveaux enjeux de la conduite de projet dans le secteur public ?

La conduite de projet dans le secteur public s'inscrit dans un contexte d'urgences et de crises sociales, économiques et environnementales, autour d'une pluralité d'acteurs aux intérêts parfois divergents, et elle reflète bien le paradoxe de notre société moderne dans laquelle le progrès, l'expertise et les moyens financiers ne permettent pas toujours de surmonter les complexités, les obstacles, et d'aller au bout des objectifs fixés.

Pour paraphraser Jean-François Noubel, « les grands enjeux de l'humanité ne sont pas la faim, la pauvreté, le développement durable, la paix, la santé, l'éducation, l'économie, les ressources naturelles... mais notre capacité à élaborer de nouvelles organisations capables de les résoudre. Notre enjeu principal est l'intelligence collective ». Une part élevée d'échec de projets est lié à des problèmes de communication et de prise de décision, malgré les moyens financiers et l'expertise mis à disposition.

Dans les critères de réussite d'un projet, quelle est la part entre savoir-faire (outils et méthodologie) et savoir-être (communication et relations humaines) ?

La tendance a toujours été de privilégier le niveau d'expertise et le savoir-faire en matière de pilotage de projet. Celui-ci n'est qu'une partie visible émergée de l'iceberg où le savoir-être pèse largement dans la balance.

Le chef de projet est moins un expert qu'un chef d'orchestre censé accompagner des individus, s'appuyer sur les savoirs et talents individuels, mobiliser, écouter, réajuster, recadrer, motiver, conseiller, et se doter d'une approche globale capable d'amener le projet et les acteurs mobilisés au bout de la démarche

Le chef de projet doit donc être à l'aise avec l'humain et les relations humaines tout autant qu'il doit l'être avec lui-même. Il doit développer ses compétences émotionnelles et relationnelles

Par ailleurs, il faut distinguer l'Etre du Faire en considérant que le Faire doit être au service de l'Etre afin de bâtir des projets porteurs de sens. Il s'agit en effet de donner du sens en répondant à la satisfaction de besoins, qui est la vocation même d'un projet.

Un chef de projet doit ainsi aligner les propositions et actions sur les besoins. Le projet trouvera alors toute sa cohérence et recevra l'adhésion collective, parce-que les valeurs d'un projet sont les clés du rassemblement et de la performance collective.

Comment faire pour surmonter les imprévus dans un projet ?

Un chef de projet doit se mettre dans l'état d'esprit suivant :« l'échec est une étape sur le chemin de l'apprentissage, donc de la réussite ».

Les outils de planification facilitent le pilotage, une organisation et un suivi général et opérationnel. Parallèlement, il est fondamental d'intégrer une pratique d'évaluation et d'amélioration en continue pour procéder aux réajustements afin d'aller au bout du projet, car le changement, les aléas et imprévus sont immuables et inévitables, théorie et pratique, la « carte n'étant pas le territoire ».

« Processus d'amélioration » signifie qu'un blocage, frein ou tension détient une ressource (une idée, une solution d'amélioration, l'expression d'un besoin) qui va permettre de réajuster et d'enrichir le projet.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?

Urbaniste ingénieur territorial, puis consultant-formateur en concertation publique et intelligence collective, je me suis passionné par l'humain et les relations humaines ce qui transformé mon regard sur l'être humain, les relations humaines, la société, et la pratique de mon métier.

J'ai progressivement intégré les leviers humains dans l'accompagnement de projets et d'équipes-projets, comme moyen d'atteindre des objectifs de manière plus harmonieuse, cohérente et de meilleure qualité, dans l'intérêt conjugué des organisations, des relations sociales et des personnes.

Les questions environnementales nécessitant un changement individuel, la gouvernance de projet m'apparaît fondamentale pour faciliter l'appropriation individuelle des acteurs et des bénéficiaires de projets, comme véritable levier de changement.

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