Femme, pouvoir et management : comment briser le plafond de verre ?

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Interview de Marie Josèphe Baud, consultante en stratégie et management, ex-PDG de groupes pharmaceutiques internationaux.

Marie Josèphe Baud co-anime la formation Femme, Pouvoir et Management

En tant que femme manager, comment se faire connaître et reconnaître dans l'entreprise ?

Avant toute chose, une femme manager doit être compétente : c'est le prérequis pour être reconnue dans l'entreprise, même si un jour (qui sait) la fameuse phrase de Françoise Giroud « la femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente » reflètera la réalité. Elle doit ensuite donner un maximum de visibilité à ses actions : participation à des projets transversaux, présentation de ses activités, représentation de son entreprise dans des manifestations ou instances extérieures, mobilité internationale ... Sa capacité à attirer des talents, manager et motiver ses équipes est aussi fondamentale pour faire parler de soi au sein de l'entreprise et donc d'y être connue. Passez donc du temps à constituer vos équipes et n'hésitez pas à vous entourer des meilleur(e)s !

Comment développer son intelligence politique dans l'entreprise ? Est-il possible de jouer le jeu politique avec intégrité ?

Si derrière ce mot « jeu politique », vous entendez « jeux de pouvoir et rapports de force », je pense que construire son autorité, comme évoqué plus haut, sur ses compétences et les qualités de ses équipes constitue une protection naturelle aux jeux de pouvoir stériles.  Cela ne vous dispense pas toutefois de comprendre le fonctionnement de l'entreprise et les réseaux d'influence qui la modèlent : le diplôme de telle grande école dans l'une, la fonction finances dans l'autre... La participation à des projets transversaux permet de mieux évaluer les forces qui structurent la vie politique de l'entreprise. La lucidité sur ces forces, la solidité des dossiers et arguments que vous présenterez et une solide éthique personnelle sont les meilleures chances pour progresser dans l'entreprise sans compromission, mais sans naïveté également.

Quel est le lien entre apparence et pouvoir ?

Les codes de l'entreprise restent puissants : le bureau du boss, sa place de parking, la puissance de sa voiture... sont autant de signes de reconnaissance attachés au pouvoir de la fonction. Bien évidemment, les codes seront différents entre la start-up de la Silicon Valley et la multinationale qui siège à Manhattan. Mais l'important est de les connaître et, pour la femme qui accède au pouvoir, de les jouer avec simplicité et de les adapter, à sa manière, sans chercher à se fondre dans des codes masculins ou des codes qui ne lui correspondraient pas. Toutefois, qu'il soit homme ou femme, le boss « donne le la » dans l'entreprise : il ne faut jamais oublier que les comportements des équipes sont directement influencés par ceux du patron ou de la patronne. Il est donc hors de question pour la femme, fraîchement nommée à la Direction d'une entreprise, de l'ignorer et de transgresser les codes de l'entreprise. Elle les fera évoluer à sa manière, à son tempo.

Selon vous, quelles qualités cultivent celles qui réussissent ?

Tout en précisant que la réussite peut offrir des définitions fort variables d'une personne à une autre, je dirai que les femmes qui réussissent sont celles qui ont pleinement conscience de ce qu'elles valent : ni plus, ni moins, et qui, partant de là, savent ce qu'elles veulent. On n'ambitionne pas de devenir Présidente parce que la place est libre, mais parce que depuis longtemps, on a engrangé les expériences indispensables pour accéder à la fonction et qu'on souhaite cette évolution, car elle correspond à notre ambition légitime. La connaissance de soi apparaît donc comme clé. A cela s'ajouteront, bien évidemment, une bonne vision  stratégique de son marché et de son entreprise, une solide organisation - en particulier pour celles qui ont des enfants-, une capacité à prendre du recul par rapport à soi et aux événements, une certaine dose d'optimisme et une personnalité motivant les équipes à relever les défis et à se dépasser. Mais quels que soient vos qualités et votre parcours, dîtes-vous qu'il faut aussi un peu de chance : à vous donc de savoir la créer et/ou la saisir, car là il n'y a pas de recette magique !

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?

Rien ne me prédisposait à faire carrière dans l'industrie pharmaceutique, n'étant ni médecin, ni pharmacien. C'est pourtant dans cette branche que j'ai gravi tous les échelons d'un premier poste de chargée d'études de marché à la Présidence d'entreprise. Entre temps, j'aurai exercé autant des métiers fonctionnels (études, plan stratégique, business development, ..) qu'opérationnels (directeur marketing, directeur marketing-ventes, directeur général). J'aurai traversé 5 fusions d'entreprise et été licenciée 3 fois. Mais chacune de ces expériences m'a fait rebondir plus riche, et c'est ainsi que j'aurai travaillé pour des compagnies suisse, suédoise, israélienne et américaine, croyant fondamentalement en ma bonne étoile pour traverser les tempêtes. J'ai été soutenue dans toute cette carrière par un mari attentif et respectueux et des enfants qui connaissaient l'importance de ma vie professionnelle. Et c'est ainsi que sitôt retraitée, je me suis lancée dans une carrière de consultante qui me permet de prolonger ces 40 ans d'acquis.

06/12/2012

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