Droit et devoir d'alerte en santé au travail

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3 questions à… Françoise Contamin, Médecin du travail et consultante

 

Elle anime la formation Droit et devoir d'alerte en santé au travail.

 

Quelles difficultés rencontrent parfois les médecins du travail ?

 

·         Une incompréhension de l'employeur sur notre rôle et nos missions qui peut aller jusqu'à une forte agressivité face à ce qui peut être perçu comme une ingérence de la part du médecin dans un domaine qui ne relèverait pas de sa compétence. Cela peut amener le médecin à être questionné sur sa posture, son rôle et les limites de celui-ci, ceci étant d'autant plus difficile à affronter quand le médecin est isolé et ne peut avoir de soutien de la part de collègues ou du service de santé au travail. Ce questionnement, quand il est accompagné, peut aider à dépasser les culpabilités, à assumer son rôle de conseiller sans le dépasser, sans se positionner en « sauveur » ou en « responsable ».

·         Une difficulté à prendre la distance suffisante par rapport aux propos de certains salariés : savoir faire la différence entre une personne qui présente un comportement proche d'un comportement paranoïaque, ce qui peut se voir chez une personne victime d'un harcèlement moral, et une personne qui présente une personnalité paranoïaque.

 

Que préconisez-vous pour agir tout en préservant sa relation avec les différents acteurs ?

 

·         Prendre le temps : le temps d'avoir une vision globale de l'entreprise par l'écoute des différents acteurs, de comprendre le fonctionnement propre à cette entreprise, la place et les stratégies des différents acteurs, leur prise en compte de la santé au travail, le point de vue de l'employeur.

·         Prendre pied dans l'entreprise : y aller, savoir solliciter un rendez vous avec le dirigeant ou le responsable des ressources humaines, échanger avec les membres du CHSCT, comprendre les freins à la prévention des risques et repérer les leviers possibles.

·         Informer sur le rôle du médecin du travail et du service de santé au travail.

·         Construire un argumentaire anonyme à partir des données recueillies lors des visites médicales : s'appuyer sur l'IPRP du service de santé au travail, utiliser la fiche d'entreprise et le rapport annuel…

·         Ne pas faire une alerte sans avoir auparavant eu un contact avec l'employeur.

·         Et si possible pour les entreprises où il y a de grosses difficultés, avoir un lieu de prise de distance et d'analyse avec d'autres professionnels : soit des médecins, soit des intervenants du service de santé au travail.

 

Comment lutter contre l'immobilisme ?

 

·         Continuer à maintenir les échanges tout en sachant passer à l'écrit de manière ajustée : ne pas écrire des éléments qui n'ont pas fait l'objet d'un échange avec le dirigeant auparavant, savoir être patient, valorisant de ce qui existe déjà, ne pas seulement faire un constat mais faire aussi  des propositions.

·         S'appuyer sur les acteurs externes à l'entreprise : CARSAT, inspection du travail, experts…

·         Savoir ce qui peut relever d'un accident de travail et pouvoir en parler avec les salariés.

·         Savoir se protéger et redonner leur place aux acteurs de l'entreprise.

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