Risque suicidaire au travail

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Interview de Michel Debout

Michel Debout anime la formation Le risque Suicidaire au travail

On compte 6 500 morts par suicide chaque année chez les personnes âgées entre 25 et 60 ans, soit dans la période d'activité professionnelle.  C'est la première cause de mortalité pour les 45 ans.

 Avec le phénomène récent des suicides sur le lieu de travail, les entreprises et collectivités deviennent parties prenantes dans la prévention individuelle et collective. Mais comment prévenir, accompagner et maîtriser ses responsabilités ?  

Comundi propose un programme de formation dédié au risque suicidaire au travail. Michel Debout, qui co-anime cette formation en tant que psychiatre expert sur le suicide, nous donne son éclairage.

Les cas de  suicide sur le lieu de travail ont été au cœur de l'actualité très récemment. Est-ce un phénomène nouveau ?

Le suicide n'est  pas un phénomène nouveau, il y a en France plus de 10 000 suicides mortels par an. Le changement vient de l'apparition du suicide sur le lieu de travail. Les situations professionnelles difficiles peuvent entrainer des réactions de détresse, d'incompréhension et de perte de l'estime de soi. Selon les situations personnelles, ce contexte peut déboucher dans des cas extrêmes sur des tentatives de suicide sur site.

Le suicide sur le lieu de travail provoque une onde de choc sur l'entourage professionnel. Plus l'entreprise est en difficulté, plus la résonnance à ce geste sera grande car l'entourage professionnel s'identifie de à ce salarié avec lequel il partage les mêmes difficultés.

L'employeur a l'obligation de  protéger la santé de ses salariés. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, la « santé est un état total de bien être physique, mental et social ». Or, la perte de sens dans le travail, la perte de confiance et le sentiment d'isolement peuvent augmenter la souffrance au travail, d'autant plus en période de changements et de restructurations dans les entreprises. La prévention du risque suicidaire au travail devient ainsi primordiale.

Comment sensibiliser les acteurs de la prévention au travail ?

Dans un contexte de grands changements conjoncturels et structurels, il est indispensable de sensibiliser tous les acteurs dans les entreprises et collectivités : managers, direction des ressources humaines, service social, représentants du personnel, CHSCT .... Nous proposons dans les formations aux parties prenantes des clés pour mieux agir dans leurs structures.

La sensibilisation des acteurs passe par 3 temps forts. Tout d'abord la prise de conscience de ce phénomène. Puis nous partageons le diagnostic de ce qui provoque cette souffrance afin d'aider les acteurs à trouver une démarche globale d'accompagnement. Enfin, nous sensibilisons à la mise en place de protocole de soutien dans les structures des participants.

Quel est votre parcours ?

Je suis professeur de médecine légale et droit de la santé et psychiatre ; spécialiste des effets des violences sur la santé de la personne. Ma pratique professionnelle quotidienne me permet d'avoir un regard distancié sur la mort par suicide, notamment lorsqu'il survient sur le lieu de travail.

Dans le cadre des sessions de formation organisées par Comundi, j'interviens sur  le risque suicidaire lié au travail. Je préside depuis son origine « l'Union Nationale de Prévention du Suicide », créée en 1997. Dans ce cadre, nous attirons l'attention des différents acteurs sur la question des situations professionnelles qui fragilisent les salariés : pouvoirs publics, dirigeants, organisations représentative du personnel, médecins du travail.

Dans mon ouvrage « La France du suicide » publié en 2000, j'ai consacré tout un chapitre sur le travail et le suicide. Membre du Conseil Economique et Social, je suis l'auteur de 3 rapports : un rapport sur le suicide en 1993, le second sur les violences au travail en 1999 et le troisième en 2001 sur le harcèlement moral au travail.

Je viens de publier une Bande Dessinée intitulée « Tout doit disparaitre » aux Editions Narratives. Il s'agit d'un site industriel qui va fermer du fait de la décision d'actionnaires anonymes alors que les dirigeants souhaitaient conserver ce site. On y retrouve les impacts des décisions sur la santé des salariés.

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