L'habitat des seniors

Interview de Muriel Boulmier, Directeur Général du Groupe CILIOPÉE, PME en Lot-et-Garonne, Présidente du Groupe de travail « Evolutions Démographiques et Vieillissement » du CECODHAS, Fédération européenne du logement social , membre du Comité exécutif de l'USH, Union Sociale pour l'Habitat et auteur du Rapport « l'adaptation de l'habitat au défi de l'évolution démographique » remis le 7 octobre 2009 à Monsieur Benoist Apparu, Secrétaire d'Etat au Logement et à l'Urbanisme.

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En quoi l'adaptation du logement au vieillissement de la population est-il un enjeu majeur ?

En 2050, la France comptera 2 fois plus de personnes de plus de 65 ans, 3 fois plus de plus de 75 ans et 4 fois plus de plus de 85 ans qu'en 2000 alors que la population totale ne croîtra que de 9% ! Comment adapter notre système de protection sociale, notre marché du travail et nos infrastructures pour accompagner cette évolution ? Jusqu'à présent, le débat public a essentiellement porté sur la prise en charge médicale et financière de la dépendance. Depuis peu, le développement de politiques publiques pour cette nouvelle génération des 75-85 ans visent à encourager, dans une perspective préventive, les activités physiques et sociales contribuant au « bien vieillir ». L'adaptation du logement participe à garantir l'autonomie.

Quelles sont les principales mesures que vous proposez dans votre rapport pour adapter l'habitat des séniors ?

Le logement doit permettre d'accomplir les gestes de la vie quotidienne de manière autonome dans de bonnes conditions de sécurité. L'habitat est composé de 3 espaces : espace public, espace partagé et l'espace privé qui est le logement. C'est la fluidité dans l'adaptation de l'habitat qui deviendra un axe fort de la politique du logement. Les filières économiques seront soutenues, les partenariats développés à l'échelle des territoires entre collectivités, acteurs du logement et de la santé, et le monde associatif tant familial que des personnes âgées. Les dispositifs d'aide et les outils de financement des travaux d'adaptation, en particulier pour les personnes âgées à très faibles revenus, doivent être refondés.

Quelles sont les principaux obstacles rencontrés concernant l'adaptation des logements sociaux ou privés ?

Une des difficultés est la réticence à se projeter dans la vieillesse, à rejeter, en l'absence de nécessité, toute adaptation du logement souvent associée à l'intrusion d'un matériel issu de l'univers hospitalier. Les entreprises ne sont pas préparées à répondre à ces nouveaux besoins et les produits sont encore chers. Nombreuses sont les personnes âgées, même propriétaires, à revenus modestes. Avec l'arrivée à la retraite de personnes ayant connu la discontinuité de l'emploi et les revenus de minimas sociaux, ce phénomène va s'accroître. Enfin, dernière difficulté, la fragmentation des actions entre les acteurs des champs social, médical et de l'habitat pour accompagner la personne âgée dans sa démarche, du repérage des besoins à la réalisation des travaux.

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