Conférence Direction[s] - A propos de l'évaluation externe

  • Partager via facebook
  • Partager via Twitter
  • Partager via LinkedIn

L'année 2015 marque l'échéance pour 25 000 établissements de  leur évaluation externe. Un nouvel exercice attend désormais les directions?: la mise en œuvre d'un plan d'amélioration continue de la qualité, qui s'appuie sur les recommandations du rapport. Une obligation réglementaire, mais également un outil permettant d'impliquer les personnels.

Découvrez vite le point de vue, de Jean-Claude BERNADAT, Directeur de l'EHPAD Résidence Madeleine Verdier, évaluateur externe et intervenant lors de la conférence d'actualité Direction[s] des 8 et 9 décembre prochains.

Il anime la formation Tirer parti de vos évaluations interne et externe.

Formation Direction[s] : « Pourquoi l'évaluation externe prescrite par la Loi 2002-2 a-t-elle été repoussée à maintes reprises et pour quels motifs de nombreux outils de ce texte sont, soit absents, soit incomplets ? »   

Jean-Claude BERNADAT: Je vous livre, sans prétention d'exhaustivité, quatre raisons majeures qui peuvent éclairer ces constats.

La première réfère à l'incapacité des politiques publiques à mettre en œuvre les moyens nécessaires au déploiement d'une Loi avant de la promulguer. Ainsi, les directions et les équipes ont été contraintes d'élaborer des documents et de procéder à des démarches sans disposer des méthodes et connaissances requises. Aujourd'hui, encore, les formations initiales dans le médico-social, n'intègrent que de manière limitée des modules portant sur le projet d'établissement, le projet personnalisé, l'évaluation, l'amélioration continue et la démarche qualité.

Comment enfoncer un clou sans marteau ? Comment construire une maison lorsqu' aucun plan n'est disponible ?  

La deuxième raison réfère à la croissance exponentielle de la réglementation. Notre secteur a été confronté à plus de textes nouveaux depuis le début du XXIème siècle que tout au long du XXème. Trop de règlements tue la règle et devant l'inflation des  injonctions, chacun priorise, délègue, reporte, oublie, improvise et, in fine, s'exonère de la charge nouvelle.

Le troisième motif porte sur la logistique et les moyens nécessaires au déploiement de la réglementation. Il convient de s'en imprégner, de la présenter clairement puis de la rendre opérationnelle au cœur de la structure. Or notre secteur n'est pas doté des ressources permettant d'assurer une veille réglementaire pointue et de traduire, dans les délais impartis, l'effervescence législative au cœur de l'accompagnement de la personne en difficulté. 

La dernière raison relève de la résistance au changement qui caractérise notre secteur. Il ne s'agit pas, ici, d'un jugement de valeur mais de souligner que l'humanisme et l'engagement des pionniers de l'éducation spécialisée dans les années quarante demeurent des références qui ne sont pas toujours compatibles avec les notions de performance, de mesure et de productivité. 

Ainsi, et sans faire l'apologie du statut quo, chacun peut comprendre la difficulté de nos établissements et services à entrer dans une nouvelle logique, à adhérer à une nouvelle culture, à accepter des ruptures, à répondre sans cesse à de nouvelles injonctions.

De plus, cette accélération du temps se double d'une évolution des troubles des personnes accueillies qui impose aux structures des adaptations multiples et convoque de nouvelles compétences. »

FD[S] : « Comment ces évaluations ont-elles été accueillies par les établissements ? Et par les évaluateurs eux-mêmes ? »

JCB : « Ce premier round de l'évaluation externe a constitué pour les établissements et services mais aussi pour les évaluateurs une aventure particulière, innovante et incertaine puisqu'il s'agissait pour chacun d'une première fois.

Pour les structures et leurs équipes, elle devait dévoiler, à des personnes extérieures qu'elles ne connaissaient pas, leur fonctionnement, leur organisation et leurs pratiques, avec le risque d'être jugées, contrôlées, contestées et d'être confrontées, en retour, à une image dépréciée de leurs interventions.

De la même manière, l'évaluateur se trouvait devant  une page blanche, face à une démarche incertaine avec comme unique passeport, un décret et quelques compétences en matière d'évaluation. De plus, nous ne savions pas comment nous allions être accueillis au sein des organisations que nous devions interviewées.

A ce stade, ni les uns, ni les autres n'étaient réellement rassurer sur ce qui les attendait.

Pour ce qui me concerne, à l'issue d'une trentaine d'évaluations externes, les inquiétudes sont progressivement tombées, les structures jouant le jeu de la transparence et les évaluateurs respectant l'éthique de la démarche en adoptant des postures bienveillantes et contributives.   

Il apparaît que pour la grande majorité des établissements et services rencontrés, le cœur de métier, à savoir l'intervention auprès des personnes accueillies, est d'une part déployée de manière efficiente et d'autre part appréciée par les bénéficiaires. A l'évidence, ce qui fait la marque de fabrique de notre secteur est à la hauteur des attentes et de ses engagements. A cet égard et en complément de ce constat, la bientraitance, le respect de l'autre, la continuité de l'intervention, l'engagement des équipes et l'inscription des structures sur leur territoire, certes à des niveaux divers, sont de très bonne tenue.

Mais l'environnement économique, sociétal et démographique de nos structures évoluent rapidement et impliquent une agilité organisationnelle majorée si l'on veut répondre aux différents défis auxquels nous devons faire face. Ainsi, il ne s'agit pas de s'accommoder des réussites présentes, au risque de voir la qualité des prestations servies se déliter, mais de construire les succès de demain. »

Inscrivez-vous à notre newsletter

Recevez les articles du Mag des compétences