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Les talents vont-ils choisir le freelancing au salariat ?

Freelancing ou salariat

1.2 millions. C’est le nombre de freelances en France en 2021, soit une hausse de +110% en 10 ans. À en croire ces derniers, le jeu en vaut la chandelle. En effet, ils seraient 88% à refuser de quitter le monde du freelancing pour revenir en CDI.

On peut donc se poser la question : les talents vont-ils déserter les entreprises ? Le futur du travail sera-t-il hybride ? Entrons dans le vif du sujet.

Pourquoi le freelancing est-il en plein essor ?

Un freelance est un travailleur indépendant qui vend son temps et ses compétences à un client. Avec la digitalisation des métiers, c’est un mode de travail qui séduit les professionnels de la tech, la data, du marketing et design.

Mais si la plateforme pour indépendants Malt a enregistré une hausse de 27% des inscriptions sur ces métiers en 2021, d’après Camille Léage, Head of community chez Malt, une nouvelle catégorie de professions se tournent vers le freelancing : « nous avons observé une hausse de 23% sur des métiers plus traditionnels comme les profils de commerciaux, business developper ou toutes les fonctions support (finance et juridique) » (source : Swile).

Pourquoi ? Les raisons sont multiples.

Raison 1 : Être libre de gérer son temps de travail

C’est pour être autonome et libre d’organiser leur journée de travail que 81% des freelances font ce choix[1]. N’étant soumis à aucun lien de subordination, ils peuvent adapter leur emploi du temps à leur motivation, leurs obligations personnelles et familiales ainsi qu’à leurs préférences.

Et avec 66% des salariés qui font de l’équilibre vie privée/vie professionnelle un critère prioritaire à leur bien-être, le freelancing a de quoi les séduire.   

Raison 2 : Choisir ses missions

Particulièrement vrai pour les talents qui possèdent des compétences recherchées et en tension sur le marché du travail, les indépendants choisissent leurs projets. Autrement dit, ils collaborent avec des entreprises qui évoluent dans un secteur qui leur plaît, qui fait sens à leurs yeux, et avec lesquelles ils partagent les valeurs. Pour les organisations, cette liberté de choisir renforce davantage les difficultés à recruter et à s’entourer des plus expérimentés.

Raison 3 : Un mode de travail attractif financièrement

Les indépendants ayant une expertise très recherchée (ex : data, développement web…), avoisinent les 10 000€ de chiffre d’affaires par mois, voire plus. Choisir le freelancing est donc une opération plus intéressante financièrement que s’ils étaient restés salariés ! Dans un contexte inflationniste et incertain, l’indépendance a de sérieux atouts.

Vers davantage de collaboration hybride ?

Entre difficultés à recruter, gestion de la compétence externe et management des freelances, la hausse du statut indépendant soulève et renforce plusieurs enjeux pour les entreprises. Et si la solution pour les relever était de tendre vers une collaboration hybride ?

Car après tout, comment être ou rester une organisation compétitive et agile sans expertise à disposition ? Quand la compétence ne peut s’internaliser, il faut aller la chercher à l’extérieur, auprès des freelances.

Ce statut étant à mi-chemin entre les ressources humaines et les achats, il suppose de mettre en place une gestion des compétences externes efficace, régulière, structurée, et un management adapté aux freelances.

Mais comment procéder pour mettre en place une collaboration hybride fructueuse ?

Les entreprises les plus habituées à faire appel aux freelances sont équipées d’outils spécifiques comme un Freelance Relationship System qui est l’équivalent d’un CRM mais à destination des travailleurs indépendants.

Côté manager, n’étant soumis à aucun lien de subordination, les freelances reçoivent des briefs et non des directives, et ne sont soumis à aucun objectif de performance déterminé par l’entreprise.

Enfin, de plus en plus de structures prennent soin d’intégrer les équipes freelances pour leur permettre de comprendre les tenants et aboutissants de l’entreprise et de leur mission. C’est aussi très utile pour améliorer l’image de marque, car n’oublions pas que les freelances communiquent entre eux. Une mauvaise expérience dans l’organisation les fera fuir.

Et si on s’inspirait du freelancing pour repenser l’expérience collaborateur ?

Si ce mode de travail séduit autant les talents, pourquoi ne pas s’en inspirer pour améliorer l’expérience collaborateur et ainsi renforcer l’engagement et l’attractivité ? Concrètement, plusieurs pistes peuvent être explorées.

Développer une culture de l’apprentissage

Selon l’étude « Le freelancing en Europe en 2021 » réalisée par Malt et BCG, les freelances consacreraient 5h en moyenne par semaine à développer leurs compétences. Se former est un excellent moyen de renforcer l’employabilité et de rester agile et compétitif. Compte tenu de l’obsolescence rapide des compétences, de la digitalisation des métiers et de la concurrence accrue, les organisations gagneraient à développer cette pratique auprès des collaborateurs.

D’ailleurs, ils sont près de 72 % à vouloir acquérir de nouvelles compétences ou à se former complètement (étude Hopes and Fears 2021 menée par Pwc). Et en particulier sur les soft skills comme en témoigne l’enquête réalisée en 2021 par l’observatoire des métiers du futur. En effet, pour 69.4% des professionnels, les soft skills seront nécessaires pour évoluer dans un futur en changement et pour 60% des répondants les compétences techniques ne suffiront pas.

Proposer davantage de flexibilité au travail

Malgré une légère baisse, entreprises et salariés sont bien décidés à conserver une organisation du travail hybride. En effet, 58% des Français se disent satisfaits de l’alternance entre distance et présentiel (étude Opinionway – Beekast réalisée en 2022).

Qu’il s’agisse de démocratiser le télétravail, de proposer des horaires individualisés ou de supprimer les réunions superflues, toutes les initiatives sont les bienvenues.

Manager les collaborateurs comme un coach

« Traitez vos salariés comme vos clients », voilà un conseil que les entreprises ont intérêt à suivre. Et si vous traitiez vos salariés comme vos clients en mettant fin au management autoritaire où les directives ne sont pas motivées ? Cela commence par mettre fin au management autoritaire où les directives ne sont pas motivées. Aujourd’hui, les collaborateurs attendent de leur manager de la reconnaissance, de la considération, du leadership et de la bienveillance. Des compétences dévolues au coach professionnel.

Alors, comment procéder ? Faire preuve d’intelligence émotionnelle, adapter sa communication à son interlocuteur, encourager les prises d’initiatives et instaurer une culture du feedback sont des soft skills et des actions qui auront sans nul doute un effet positif sur le bien-être, la performance et l’engagement des collaborateurs.

S’il est peu probable que le salariat disparaisse, nous sommes convaincus que le futur du travail sera hybride avec davantage de freelances. Un avenir qui s’annonce aussi challengeant que passionnant pour les entreprises !

[1] Étude « Le freelancing en Europe en 2021 » réalisée par Malt et BCG

 

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