Les managers ont parfois tendance à être trop dans le contrôle, étouffant toute possibilité de prise d’initiative de la part de leurs équipes. Une situation lourde de conséquences pour la motivation des collaborateurs.
Votre chef ne regarde pas ce que vous faites par-dessus votre épaule, mais c’est tout comme. Avant chaque réunion, même les plus insignifiantes, il veut vérifier votre PowerPoint. Il exige d’être en copie de tous vos échanges de mail « pour info ». « Le micromanager n’a pas forcément de mauvaises intentions mais il a un problème avec le contrôle », résume Julia Milner, professeure de leadership à l’Edhec Business School.
Souvent, les managers ont obtenu une promotion parce qu’ils effectuaient un très bon travail technique. Avant d’accéder aux fonctions d’encadrement, ils ne bénéficient pas toujours d’une formation. Résultat : « Ils pensent qu’il faut continuer à travailler de la même façon. Ils veulent de très bons résultats et pensent les obtenir en donnant des instructions très précises à leurs équipes », explique l’experte.
Un calcul qui s’avère généralement mauvais puisque le collaborateur, privé de la possibilité d’innover, va perdre confiance en son travail, se démotiver, ressentir davantage de stress ce qui peut le conduire au burn-out… « Même la productivité est impactée puisque si on a peur de prendre des initiatives, si on doit réfléchir à tout avant d’entreprendre la moindre chose, on perd du temps », relève Julia Milner.
Selon une étude menée en août 2023 par le site américain de recherche d’emploi Monster, 73 % des employés interrogés considéraient le micromanagement comme le principal « red flag » au travail. C’est un motif de départ pour 46 % d’entre eux.
Pour éviter d’en arriver là, quelques signaux doivent alerter à la fois le collaborateur et le manager lui-même qui peut ainsi prendre conscience qu’il doit lâcher prise. Tour d’horizon.
1. Le manager veut faire des points d’étape tout le temps
Julia Milner conseille de faire attention à la fréquence des points d’étape. « S’il faut demander validation pour chaque petite tâche, s’il faut faire un point à chaque petite étape » alors notre supérieur est probablement trop dans le contrôle, estime-t-elle.
La professeure de leadership recommande aux managers de demander directement à leurs équipes à quelle fréquence ils estiment nécessaire de faire le point sur l’avancée des travaux en cours. Une preuve de confiance qui peut être valorisée. « Même si on veut éviter le micromanagement, il ne faut pas non plus aller dans l’excès inverse, c’est-à-dire le laisser-faire où le collaborateur ne se sent pas soutenu », pointe l’experte.
2. Il pose des questions fermées
Autre indice que votre chef ne vous laisse pas prendre d’initiative : il ne pose que des questions fermées. Par exemple : tu penses que c’est bien de commencer par avancer sur ce dossier ? Est-ce que tu as essayé de faire comme ça ?
« Il cache en quelque sorte ses conseils dans une question », décrypte Julia Milner. Cette situation empêche le collaborateur de gérer son travail de manière autonome. « Vous avez le sentiment que vous ne pouvez pas donner vos propres idées », explique la professeure de l’Edhec.
3. Il veut toujours être en copie des e-mails
« Cela montre qu’il veut toujours tout savoir », estime l’experte. Une situation qui n’est bénéfique ni pour l’employé, « qui se sent contrôlé », ni pour le manager qui perd du temps et « n’est pas disponible pour les réflexions stratégiques », constate Julia Milner.
Le micromanagement génère aussi beaucoup de stress pour le manager, et peut conduire à des burn-out, prévient la professeur de leadership.
4. Il réagit très mal à la moindre erreur
Si une petite erreur est immédiatement perçue comme « un grand désastre », c’est aussi un signe à ne pas prendre à la légère, juge la professeure de leadership.
« Souvent, on demande aux collaborateurs qu’ils soient innovants mais comment l’être si on est tout le temps contrôlé ? Dans ces cultures d’entreprise, la créativité et l’innovation ne fonctionnent pas », estime-t-elle. « Beaucoup d’idées sont perdues à cause du micromanagement », regrette Julia Milner.
Sarah Dumeau