Du foot à l'entreprise
management

Du foot à l’entreprise, les leçons de management de Didier Deschamps

Du foot à l'entreprise

La victoire de la France en Coupe du monde est en grande partie celle de son sélectionneur. Leader respecté, Didier Deschamps a composé avec les qualités de chacun afin de construire une équipe soudée et déterminée.

En gagnant la Coupe du monde, Didier Deschamps est entré dans le club très fermé des footballeurs ayant gagné la compétition en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Et même s’il est souvent considéré comme « chanceux », tout le monde s’accorde à lui imputer le succès. Le manager français a fait un sans-faute pendant cette compétition et personnifié à lui seul toute l’Equipe de France.

Deux spécialistes nous éclairent sur son leadership et la manière dont il a tenu le groupe dans une bonne ambiance.

Pour Frédéric Rey-Millet, fondateur d’Ethikonsulting et coauteur avec l’entraîneur Pascal Dupraz d’un livre paru en juin dernier, le leadership de Didier Deshamps vient d’abord d’une culture du travail. Il l’a héritée de ses débuts à Nantes avec Claude Suaudeau, mais aussi de ses années italiennes.

« Il fait travailler ses joueurs plus que d’autres entraîneurs. […] Il leur donne le goût de l’effort » soutient Rey-Millet, qui compare l’ancien joueur Deschamps à Matuidi, un besogneux très actif sur le terrain. « Son leadership, c’est son état d’esprit, sa posture. Il a toujours dit que seul le travail payait. »

Avec une équipe composée de stars, il leur « a réinsufflé l’envie de progresser. Il y a des joueurs qui considèrent que parce qu’ils sont en Equipe de France, ils n’ont plus rien à prouver », visant le joueur du PSG Adrien Rabiot. Le milieu de terrain a refusé sa convocation comme réserviste de l’équipe avant le début de la compétition.

Exemplarité

« Le leadership se construit, il n’est pas inné » analyse Laurent Philibert, directeur pédagogique de Personnalité, une agence de conseil en communication des dirigeants. Un des piliers de ce leadership, c’est son expérience : « On peut reconnaître un manager comme un leader car il a traversé des épreuves, des projets. […] Il imprime, il y a une incidence Deschamps sur les événements. »

L’exemplarité est un autre caractère constitutif du leadership de Deschamps. Laurent Philibert et Frédéric Rey-Millet se rejoignent sur ce point : le sélectionneur a souvent managé par l’exemple, comme en atteste sa gestion du cas Benzema. « Quand la sanction tombe, elle doit tomber et il n’y a pas de possibilité de négocier » commente Laurent Philibert. Le consultant estime même que cette exemplarité correspond aux attentes des jeunes joueurs : « La valeur justice est très forte quand on manage des jeunes ».

Un leader « affectif »

Didier Deschamps a réussi à emmener vers la victoire la deuxième équipe la plus jeune du mondial, alors que les commentateurs estimaient avant la compétition que l’immaturité de ses troupes serait le plus grand défi du sélectionneur.

Laurent Philibert estime que Didier Deschamps est un manager « tactile » et correspond à un leader de type « affectif ». « Le manager doit être le garant de la qualité relationnelle des équipes et être un leader pour lequel on a envie de se battre. Deschamps n’est pas un leader campé sur son tableau de bord à regarder la productivité. »

« Il aime ses joueurs et les valorise »

Le sélectionneur est plutôt du genre à prendre les joueurs dans ses bras et rester positif. Dès le début de la compétition, les joueurs français se sont réjouis de la bonne ambiance qui régnait dans le vestiaire.

Elle découle de son management par l’affect : « L’homme est un animal social et vulnérable, explique Laurent Philibert. Valorisés, sécurisés, ils ont envie de se dépasser pour le groupe ». « Il aime ses joueurs, pense Frédéric Rey-Millet, même quand ça va mal, il fait des feed-back positifs. […] Les joueurs le considèrent un peu comme leur grand frère ».

Peut-on manager un groupe comme une équipe de football ? Laurent Philibert pense que les attitudes de Deschamps pendant le mondial « sont des éléments qui devraient inspirer certains managers ». Au contraire, pour Frédéric Rey-Millet, du football à l’entreprise, le parallèle est difficile : « Dans l’entreprise, ce sont les managers qui ont le pouvoir. Dans le football, ce sont les joueurs. »

Paul Boulben

 

Laisser un commentaire