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La montée en compétence : grande cause nationale du prochain quinquennat ?

Claire Pascal (DG Comundi et VP de la FFP) et Stéphan Viry, député LR des Vosges, à la REF 2021

Lors de l’université d’été du MEDEF, la REF 2021, un débat sur les enjeux de la formation tout au long de la vie a eu lieu entre la directrice de la société Comundi et vice-présidente de la FFP (Fédération de la Formation Professionnelle), Claire Pascal, et le député LR des Vosges, Stéphane Viry.
Il ressort de ce débat que les défis à relever en matière de formation sont importants. En effet, la crise sanitaire a montré, encore plus qu’avant, que le principal avantage compétitif de la France et de l’Europe, dans la compétition mondiale, est le niveau élevé de compétence de sa main-d’œuvre. Comment capitaliser sur cette expertise dans la compétence pour relancer l’économie française ?

La nécessité de faire monter en compétences les salariés français

Produire plus afin de payer les dettes accumulées pendant la crise sanitaire est une nécessité. Cela passe par plusieurs pistes.

Faire coïncider les compétences des demandeurs d’emploi avec les besoins des entreprises

De nombreuses entreprises peinent à recruter. Ainsi, plus de 260.000 emplois ne sont pas pourvus alors que le nombre de chômeurs frôle les 6 millions. A ce chiffre s’ajoutent environ 2 millions de moins de 30 ans sans formation et sans le moindre job, qui passent complètement sous les radars. Pour faire coïncider, l’offre et la demande, il est indispensable de former les personnes en recherche d’emplois et en parallèle assurer une meilleure mobilité géographique et entre les secteurs d’activité.

Des besoins en personnel concentrés dans certains secteurs d’activité

Les deux intervenants sont d’accord pour indiquer que les secteurs, qui auront le plus besoin de main d’œuvre les prochaines années, sont ceux du digital, de la transition écologique et des services à la personne. Il est intéressant de souligner que ce sont les secteurs visés par le plan de relance. Les besoins futurs doivent pris en compte dès maintenant, car pour certaines professions, comme celles de développeur informatique, plusieurs années de formation sont nécessaires.

Selon une étude publiée par Dell et l’Institut pour le futur, 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore.

Faire monter en compétences les salariés français

Pour les salariés en poste, développer les compétences est également indispensable, afin de maintenir leur employabilité. Ainsi, dans de nombreux secteurs, la digitalisation bouleverse totalement les modalités de travail et laissent de nombreux salariés sur le carreau.
A ce sujet, il faut noter la problématique rencontrée par les seniors victimes d’une obsolescence de leurs connaissances, alors que les entreprises investissent deux fois moins dans leur formation. Le député LR préconise d’anticiper ce problème et de prévoir un entretien d’évaluation dès 45 ans.

Le défi du télétravail, la nécessaire formation des managers

Du fait de la crise sanitaire, le télétravail s’est imposé aux entreprises. Pour la majorité d’entre elles, il n’y aura pas de retour en arrière, même si le tout télétravail n’est pas envisageable car, selon l’expression de Claire Pascal, il provoque « un délitement du collectif ». Un équilibre est donc à trouver et doit s’accompagner d’une formation des managers, afin qu’ils apprennent à diriger une équipe avec des personnes sur place et d’autres travaillant à distance.

La formation professionnelle, un dispositif à revoir d’urgence

Claire Pascal et Stéphane Viry sont d’accord pour indiquer, que le CPF est un formidable outil pour développer les compétences des salariés. Mais, son fonctionnement et son financement doivent être revus, sans oublier la nécessité de l’étendre à la fonction publique. 

Faire d’avantage confiance aux entreprises

Le Compte Personnel de Formation (CPF) est un compte autonome, c’est-à-dire que le salarié l’utilise selon ses souhaits. Or, ces derniers ne coïncident pas forcément avec les besoins des employeurs. Ainsi, Claire Pascal souligne que ce compte a surtout servi à payer des permis de conduire et des formations à la création d’entreprise, un projet de création n’ayant pas abouti dans de nombreux cas. Les deux intervenants plaident donc pour que les employeurs puissent reprendre la main (au moins en partie) sur l’utilisation de ce compte et impliquer le salarié dans une démarche de co-construction du développement de ses compétences.

Revoir le financement de la formation professionnelle

Le financement de la formation est problématique, car il repose sur la masse salariale. Or, cette masse a tendance à baisser alors que les besoins en formation explosent. De plus, les entreprises entre 50 et 300 salariés sont pénalisées, car elles payent le même pourcentage que les grands groupes sans bénéficier, comme eux, de la réduction des coûts du fait d’une mutualisation des actions de formation.
Lors du prochain quinquennat, il va donc être nécessaire de revoir les modalités du financement de la formation continue. C’est d’autant plus vrai, que le déficit de France Compétences, l’organisme régulateur de la formation professionnelle, s’est creusé ces dernières années pour approcher désormais les 3 milliards.

Intégrer les fonctionnaires dans le dispositif de la formation continue

Développer les compétences est une nécessité dans le secteur privé mais également dans le secteur public. Or, les fonctionnaires ne bénéficient pas réellement du CPF. Certaines collectivités locales ne peuvent pas assurer financièrement les formations nécessaires. Une extension du CPF à la fonction publique est donc à envisager.

Le secteur public est resté en panne avec un CPF de façade, non converti en euro et surtout non financé.

 

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