Ressources humaines

Comment rester en tête dans la course mondiale aux talents ?

La guerre des talents

Si vous êtes un travailleur qualifié, le monde vous appartient. Mais comment les entreprises et les gouvernements qui espèrent retenir et attirer des personnes, qualifiées et de plus en plus mobiles, peuvent-ils améliorer leur position dans la course mondiale aux talents ?

Par Sebastian Baldermann, doctorant et assistant de recherche, et Stefan Schmid, professeur et responsable de la chaire International Management and Strategic Management, tous deux à l’ESCP Business School (campus de Berlin).

Dans l’économie du savoir, les personnes hautement qualifiées constituent une ressource précieuse. Si précieuse que les expressions « course aux talents » et même « guerre des talents » sont couramment utilisées dans les salles de conférence et les cabinets.

Dans une société mondialisée, où les individus, en particulier ceux qui sont qualifiés , sont prêts à rechercher la réussite professionnelle au-delà des frontières de leur pays d’origine, il est crucial d’attirer et de retenir les talents.

Quelles stratégies les entreprises et les gouvernements peuvent-ils adopter pour faire d’une économie spécifique un lieu de travail attrayant ?

Facteurs humains

Pour les entreprises, les facteurs évidents sont la rémunération et les opportunités de carrière. De récentes études ont également révélé l’importance des « facteurs humains », tels que la promotion interne de la diversité.

A l’échelle nationale également, les professionnels d’origines, d’ethnies et de religions diverses peuvent se sentir les bienvenus grâce aux politiques gouvernementales, y compris les politiques d’immigration franches.

Cependant, ces dernières années, un nombre croissant de pays, autrefois fervents partisans du libre-échange, sont devenus plus protectionnistes, limitant la libre circulation des biens et des services à l’entrée et à la sortie de leurs marchés par des quotas ou des droits de douane. D’autres sont forcés de fermer contre leur gré, à cause de la guerre. Qu’est-ce que cela implique pour la course mondiale aux talents ?

Pas d’hostilité

Dans un monde, où certaines économies se « ferment », il s’ensuit généralement que les individus qualifiés, originaires de ces nations, sont attirés par les économies considérées comme « ouvertes ». La théorie du commerce extérieur reposant sur l’idée que l’ouverture stimule la productivité et la croissance, il n’est pas surprenant que les économies plus ouvertes profitent de ce que l’on appelle la « fuite des cerveaux » venant des pays protectionnistes ou déchirés par la guerre.

Pourtant, l’ouverture ne suffit pas à convaincre les travailleurs étrangers de faire leurs valises et de s’installer ailleurs. Il faut aussi que des emplois soient disponibles et que les travailleurs étrangers ne soient pas confrontés à l’hostilité de la population locale ou à des obstacles bureaucratiques inutiles, par exemple.

Une économie peut être suffisamment ouverte pour ne pas être désavantagée dans la course aux talents, mais ne pas être suffisamment attractive. L’Allemagne, par exemple, souffre d’une pénurie massive de main-d’oeuvre qualifiée.

Gare au protectionnisme

À court terme, les économies qui ont choisi d’isoler leur marché du reste du monde, ou d’une partie de celui-ci, peuvent empêcher la fuite des cerveaux, par exemple par le biais de plans de relance gouvernementaux. Si les concurrents internationaux sont évincés du marché, les entreprises nationales peuvent se trouver avantagées dans la course aux talents nationaux.

Toutefois, à long terme, les économies ayant un programme protectionniste auront probablement du mal à retenir les talents nationaux, sans parler d’attirer les talents étrangers.

En outre, les entreprises vivant derrière des barrières commerciales (ou même derrière une barrière physique comme naguère le mur de Berlin) voient leur position concurrentielle se détériorer, y compris dans la course aux talents.

Efforts durables

Enfin, les perspectives en termes de rétention et d’attraction des talents pourraient être encore pires pour une économie qui se ferme involontairement, en raison d’un conflit armé (on pense notamment à l’Ukraine ).

Une partie importante de la population fuira vers des horizons plus sûrs. Leur décision de revenir et de reconstruire l’économie, après la fin de la guerre, dépend de la durée de celle-ci, de l’ampleur de la destruction du pays et de la possibilité pour les réfugiés de se créer une nouvelle vie à l’étranger. Dans la course mondiale aux talents, les économies ouvertes partent donc en meilleure position que celles qui sont fermées. Mais, pour ne pas se laisser distancer, elles doivent déployer des efforts durables pour assurer le bien-être des travailleurs qualifiés, par exemple par le biais de programmes de mentorat et d’encadrement.

Par Sebastian Baldermann et Stefan Schmid

 

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