Formation professionnelleRessources humaines

Les softs skills nouveau barycentre de l’écosystème compétence

CPME - les softs skills

Claire Pascal, DG de Comundi Compétences et Vice-présidente de la fédération de la formation professionnelle

Sale temps pour les soft skills. A l’heure où tout converge vers les certifications métiers, vers les compétences dites « hard skills » qui permettent les reconversions professionnelles, les compétences transversales sont peu ou pas valorisées dans ce système qui se structure autour d’un concept déjà peut être un peu dépassé de « métier ». Peu ou pas de place dans le système de certification professionnelle pour certifier des compétences transversales qui sont pourtant celles qui permettent aujourd’hui le plus de pérenniser son employabilité et qui jouent à jeu égal avec les compétences techniques si prisées des certificateurs.

Le monde du travail change rapidement et c’est en partie ce qui explique l’inadéquation entre offre et demande d’emploi qu’on ne peut pas attribuer qu’à un sujet d’écart de compétence. En effet, la montée en puissance des modes d’organisation hybrides, le « full remote » qui se conjugue avec de nouvelles formes de nomadisme pour une génération de jeunes actifs, l’éloignement progressif des modèles de salariat, voire la remise en question de la dimension rassurante et engageante de l’entreprise, tout cela concoure à repenser l’organisation des compétences et des organisations au sein des entreprises. Et plus spécifiquement des plus petites, car elles peinent à délivrer les fameuses dimensions de la QVT qui pèsent aujourd’hui autant que la dimension financière dans l’attractivité d’un poste. Ainsi ces entreprises vont-elles valoriser deux types de compétences, les compétences clés de type core business qui portent leur valeur ajoutée sur le marché et les compétences de pilotage de projet ou de transversalité lorsqu’une partie des contributeurs sont aujourd’hui à l’extérieur de l’entreprise, sous différentes formes, dans une gravitation proche mais libre autour du noyau que constitue l’entreprise cliente / partenaire. Ces compétences dites « soft » voire « molles » pour certains deviennent les compétences clés pour faire fonctionner des équipes ensemble avec des proximités différentes et s’il est nécessaire de disposer d’un socle métier pour y parvenir, ce sont autant les compétences relationnelles et organisationnelles qui sont alors indispensables pour faire fonctionner ces nouveaux écosystèmes. On ne peut que constater l’émergence de nouveaux équilibres au sein des entreprises qui ne sont plus uniquement tournées vers elles-mêmes, mais tournées vers l’extérieur dans le cadre d’un écosystème qui doit trouver son propre équilibre et garder en gravitation des contributeurs fidèles qui connaissent bien l’entreprise ou plutôt les entreprises pour lesquelles ils travaillent.

Outre ces compétences transversales qui sont au cœur du fonctionnement de ces nouveaux écosystèmes entrepreneuriaux, il est clair qu’on assiste à un renversement de l’articulation entre les différents types de compétences. Avant, on formait des actifs sur des compétences techniques afin d’exercer un métier et cerise sur le gâteau, pour les plus chanceux ou les plus ouverts d’esprit, on leur apprenait à mettre un peu les formes pour éviter les crispations relationnelles et managériales. Aujourd’hui tout a changé. L’obsolescence accélérée des compétences techniques entraîne une fragilisation du concept même de métier qui s’inscrivait de manière stable et pérenne dans le temps. Aujourd’hui, les compétences digitales en très rapide évolution viennent bouleverser le contenu même des métiers. De socle stable, ces compétences deviennent celles qui deviennent le plus rapidement obsolètes. On dit parfois que les compétences tiers duraient toute une vie et qu’aujourd’hui elles ne durent que 2 à 3 ans et encore.

ON DIT PARFOIS QUE LES COMPÉTENCES MÉTIERS DURAIENT TOUTE UNE VIE ET QU’AUJOURD’HUI ELLES NE DURENT QUE 2 À 3 ANS ET ENCORE.

Alors ce sont les soft skills qui deviennent le socle et le repère des professionnels. Ce sont celles qui servent de base à la capacité d’apprendre et de réapprendre en permanence, celles qui permettent de s’adapter et d’ancrer de nouvelles compétences techniques. La recherche du maintien ou du développement de l’employabilité, qui est devenue la quête du graal de chaque actif, passe aujourd’hui par cette capacité à se réinventer et à s’appuyer sur des compétences professionnelles stables de capacité à faire et à s’adapter. Ce sont celles qui créent et entretiennent un terreau fertile pour ancrer et planter en permanence de nouvelles compétences techniques. Redonnons ses lettres de noblesses à des compétences qui n’ont rien de molles mais qui sont devenues un socle indispensable pour pouvoir se réinventer en tant qu’actif.

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