Ressources humaines

L’employabilité des seniors

L'employabilité des seniors

Le débat actuel sur la réforme des retraites, ainsi que les difficultés de recrutement chroniques dans certains secteurs, ramènent la lumière sur l’employabilité des seniors dans notre pays. Catégorie longtemps mise à l’écart, et poussée vers la sortie par des forces convergentes depuis les années 1970, les seniors (50-64 ans) reviennent aujourd’hui sur la scène de l’emploi et représentent désormais une solution attractive pour palier aux difficultés de recrutement du moment.

La situation des seniors sur le marché de l’emploi

Même si le taux d’emploi des seniors en France reste l’un des plus bas de l’OCDE (56,2 % en 2021), leur taux d’activité augmente en permanence depuis 2007. Toutefois, le groupe des 50-64 ans continue de sortir massivement du marché du travail passé les 55 ans. Selon l’INSEE, 5 % des plus de 55 ans étaient au chômage en 2021. De plus, seulement 35% des chômeurs âgés de 55-59 ans sont réemployés alors qu’ils sont 50% pour la tranche 50-54 ans (source CNAM 2019).

Les raisons de ces difficultés de retour à l’emploi sont multiples. L’âge constitue toujours un frein même si un sexagénaire vit en meilleure santé aujourd’hui. Coté employeurs, embaucher un senior représente un coût salarial plus élevé qu’un jeune, et nécessite souvent une formation d’adaptation aux nouveaux outils de l’entreprise. Coté senior, les conditions de travail, ou des soucis de santé, représentent 30% des motifs de départ (source France Stratégie 2018). La santé, elle aussi, peut entraver ce retour si les conditions de travail ne sont pas adaptées.

Ainsi, les entreprises rechignent-elles à embaucher une personne qui leur coûtera plus cher en salaire et en frais de formation/adaptation au poste de travail.

Les opportunités d’aujourd’hui pour l’employabilité des seniors

La crise de la Covid a développé une nouvelle considération pour les seniors de la part des entreprises. De nombreux secteurs de l’économie sont désormais en tension par manque de main d’œuvre qualifiée. S’agissant des seniors, les principaux secteurs qui recrutent sont (chiffres DARES 2022), celui de la santé, du BTP, du numérique, de l’aide à la personne et l’hôtellerie-restauration. Ces cinq secteurs proposent à eux seuls près de 800 000 emplois à pourvoir. D’autres secteurs sont également en recherche de compétences ; grande distribution, juridique, comptabilité, gestion, commerce….

À cette situation inédite s’ajoute le fait que les entreprises perçoivent désormais mieux les avantages de l’emploi des seniors. Ces derniers bénéficient indéniablement d’un capital compétences qui est immédiatement exploitable par les employeurs. Ils ont certes la plus grande partie de leur carrière derrière eux, mais leur expérience avancée, leur faible taux d’absentéisme, leur stabilité globale sont des atouts indéniables et surtout accessibles dès l’entrée dans l’entreprise.

Ces avantages incontestables se conjuguent désormais à tout un panel de mesures gouvernementales destinées à faciliter le retour à l’emploi des seniors.

Employer des seniors

Plusieurs dispositions permettent de maintenir ou de recruter des seniors dans les entreprises.

S’agissant du maintien des seniors à l’emploi, le mot clef reste «formation». Le développement des compétences reste aujourd’hui l’un des leviers majeurs de la fidélisation des employés. Depuis l’instauration du compte personnel de formation (CPF), près de 2,5 millions de Français l’ont déjà utilisé. S’il est indéniable que les seniors disposent d’un capital compétences avéré, les évolutions techniques et managériales constantes rendent indispensable l’évolution de leurs savoirs-faire. Si cette adaptation aux nouveaux outils ou techniques via la formation est un de leurs points forts, la mise à niveau des compétences constitue également un levier important pour entretenir la motivation des seniors et leur appétence pour leur emploi. Cela est particulièrement vrai dans les domaines de l’informatique et des langues dont la maîtrise est aujourd’hui incontournable en entreprise.

Le CPF apporte donc la solution à ces mutations et permet le maintien des seniors sur le marché du travail.

En ce qui concerne le recrutement, les dispositifs existants privilégient surtout le retour à l’emploi des seniors en chômage de longue durée. Ces aides de l’État sont attribuées sous conditions et peuvent atteindre 2000 euros par embauche. Elles se complètent par l’exonération des charges patronales. Trois types de contrats sont proposés :

  • Le CDD senior, offert aux plus de 57 ans inscrits au chômage depuis plus de trois mois. Sa durée est de 18 mois maximum. Il est renouvelable une fois.
  • Le CDI inclusion est proposé aux seniors de plus de 57 ans en parcours d’insertion via des structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Le Sénat vient par ailleurs d’adopter un nouveau CDI senior dont les contours ne sont pas encore définis.
  • Enfin, une aide à l’embauche d’un senior en contrat de professionnalisation est proposée à toute entreprise recrutant un employé de plus de 45 ans. Ce type d’embauche permet au nouvel employé d’acquérir une nouvelle qualification professionnelle par le biais des actions de formation et d’engager une reconversion professionnelle.

    Dans un marché de l’emploi sous tension, le maintien en poste ou le recrutement des seniors contribue à soulager les secteurs en déficit de main d’œuvre. Pour accompagner les 50-64 ans tout au long de leur carrière, la formation professionnelle constitue un outil primordial. Reconversion ou adaptation, le CPF reste un instrument incontournable dans les mains des employeurs et des salariés. Les différentes aides de l’État participent également à cet effort de fidélisation et de maintien en activité de nos aînés.

 

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