Formation professionnelle : CPF et CIF
Formation professionnelle

Formation professionnelle : anticiper le « choc de fonctionnement »

La fusion du CPF et du CIF.

Un an ne sera pas de trop, dans les directions des ressources humaines, pour devancer les effets de la prochaine réforme de la formation professionnelle.

Après la réforme du Code du travail par ordonnances, c’est le volet « sécurisation » du programme présidentiel qui s’annonce pour les prochains mois. En matière d’obligation légale, rien ne concernera 2018. Les décrets d’application ne seront publiés, au mieux, qu’à la fin de l’année. Mais les DRH ont intérêt à se préparer très en amont, préviennent les spécialistes de la formation professionnelle.

La précédente réforme dans ce domaine, en 2014, avait été mal anticipée dans les entreprises. Les salariés ont mis beaucoup de temps à ouvrir leur  compte personnel de formation (CPF). « Les DRH n’avaient pas prévu suffisamment d’accompagnement, » rappelle Yveline Pouillot, secrétaire générale du Cabinet GMBA, en charge de la formation. Sans connaître le détail du prochain texte, de grands principes sont déjà fixés, notamment un accès direct à la formation et des mécanismes d’intermédiation réduits. « Le gouvernement veut aller vite.

Il va falloir anticiper le choc de fonctionnement dans les entreprises ! » prévient Matthieu Courtecuisse, administrateur de Consult’in France et CEO du cabinet de conseil en management SIA Partners. « Les DRH seront les agents de transformation de cette réforme. Ils vont avoir l’opportunité de repenser leur système de formation. Ils devront aussi sensibiliser leur direction générale, qui ne s’intéresse pas toujours au sujet. »

Accompagner le salarié, puis négocier avec lui

La mesure phare du projet gouvernemental ? La possibilité pour chacun de s’inscrire seul aux formations de son choix, même non qualifiantes ou certifiantes. Le CPF, en fusionnant avec le congé individuel de formation (CIF), deviendra  le principal moyen de se former des Français.

« Les DRH devront accompagner le mouvement, aider leurs salariés à accéder au catalogue de formations, mettre en place du coaching pour les orienter », annonce d’emblée Matthieu Courtecuisse. Autre problématique de taille à laquelle vont se trouver confronter les directions des ressources humaines des entreprises : la réforme repose sur une logique d’individualisation du CPF. « Or les gens vont vouloir se former dans des domaines qui n’ont rien à voir avec les besoins de leur entreprise, » prédit Matthieu Courtecuisse.

« Il faut qu’elles réfléchissent à des moyens de maintenir leur influence sur le catalogue de formations de leurs salariés, alors qu’elles n’auront plus la main sur leurs choix. » Les formations en langue, par exemple, feront partie des formations pour lesquelles il pourrait y avoir une négociation, pronostique Yveline Pouillot. « Les entreprises elles-mêmes auront des formations techniques ou obligatoires à financer, comme celles qui relèvent de l’hygiène et de la sécurité, et de moins en moins d’aides pour le faire. »

Optimiser le plan de formation et son financement

La première chose qu’auront à faire en 2018 les services RH sera de demander aux salariés d’ouvrir leur compte professionnel de formation, s’ils ne l’ont pas encore fait, « afin de se faire une idée du volume de formations à prévoir, et de la hauteur à laquelle il faudra les financer,» conseille Yveline Pouillot. Même si la réforme est annoncée à coûts constants par le gouvernement, elle coûtera aux entreprises, estiment les spécialistes. « Le projet de loi veut orienter l’effort de formation vers les personnes en-dehors de l’emploi.

La capacité des entreprises à activer le levier des aides à la formation sera donc de plus en plus faible. Pourtant elles devront continuer à investir pour leur personnel et faire face à leurs propres besoins de formation », analyse l’administrateur de Consult’in France. L’enjeu pour les DRH sera donc d’optimiser le plan de formation de l’entreprise par rapport au budget préexistant. « Les entreprises ont intérêt à dialoguer avec leur OPCA de référence. Les branches devront s’organiser pour mieux servir leurs adhérents.

Il faudra aussi repenser la formation en interne. Les grands groupes, équipés de leurs propres universités, y sont déjà préparés.» L’affaire s’annonce plus difficile dans les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et PME, qui n’ont pas la même masse critique.

 

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