Carrière & reconversion

Carrière : nos conseils pour se reconvertir à 30, 40 et 50 ans

Reconversion professionnelle

La crise a exacerbé la quête de sens, fait bouger le curseur en termes de priorités, et a accéléré les démarches de réorientation professionnelle.

A la sortie du premier confinement, un Français sur quatre envisageait une reconversion professionnelle , selon un sondage réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine. Un an après, cette envie de changement se confirme. Dans certaines régions, les demandes de conseil en évolution professionnelle (dispositif d’accompagnement gratuit créé en 2013) atteignent des records. « Les structures spécialisées dans les bilans de compétences ne désemplissent pas », observe Christophe Nguyen, président d’Empreinte Humaine.

Et ce psychologue du travail, expert en risques psychosociaux, d’expliquer que « la crise a exacerbé la quête de sens ». « D’une part, la collaboration à distance a parfois distendu les liens et le sentiment d’appartenance à l’entreprise. D’autre part, certains télétravailleurs se sont retrouvés face à un ‘bullshit job’, où les process, reportings et autres tableaux Excel les ont éloignés du contact avec la réalité », dit-il.

Certes, le Covid-19 a fait bouger le curseur en termes de priorités et a accéléré les démarches de réorientation . Reste que, avant la pandémie, les virages à 90 degrés émaillaient déjà certaines carrières. Et cela pour des raisons similaires à celles constatées aujourd’hui. « J’avais l’impression d’être enfermée dans une cage dont je ne retrouvais plus la clé », se souvient Bénédicte Tilloy qui, à 55 ans, a quitté le comité de direction de la SNCF pour une start-up, ce qu’elle décrit dans « La Team » (Dunod) .

Faire fi de certains commentaires

Pour sa part, Cassandre Letchimy était à la tête d’une direction du marketing et commerciale générant 9 millions d’euros de chiffre d’affaires lorsque, à 32 ans, elle a intégré le Bachelor Coiffure & Entrepreneuriat du REAL Campus by L’Oréal, première formation couplant compétences techniques de la coiffure et art d’entreprendre (management, relation client, digital, etc.). « Je me suis entendu dire que j’allais devenir shampouineuse, mais ça ne m’a pas démotivée : à l’inverse, cela a décuplé mon envie de défendre une vision innovante du métier de coiffeur », raconte la trentenaire, actuellement en alternance chez Raphaël Perrier Groupe.

Si chaque expérience est unique, révélant des doutes ou des capacités de rebond propres à chacun, les témoignages de celles et ceux qui ont osé goûter à l’ailleurs sont riches d’enseignements. Emilie Pedreno, par exemple, prône de mobiliser « les nombreux dispositifs d’accompagnement existants ». Ancienne consultante chez Capgemini, cette diplômée de Sciences Po Paris et de l’Essec Business School s’est offert une reconversion « par étapes ». A 31 ans, lasse des délais à rallonge et désireuse de toucher du doigt, à court terme, le fruit de son travail, elle quitte le conseil pour SMABTP, société mutualiste de l’assurance-construction. A 41 ans, enfin prête à faire le grand saut dans le développement durable, elle rejoint la start-up d’agriculture urbaine Agripolis. Et deux ans plus tard, en mai dernier, « nourrie par cette diversité d’expériences », elle prend un poste de directrice commerciale chez Ignition Program, jeune pousse dédiée au recrutement et à l’accompagnement RH pour les start-up.

Bénéficier d’un accompagnement structuré

« Au moment de ma première reconversion, c’est un thérapeute qui m’a aidée à remettre mes peurs à leur place, c’est-à-dire à faire le tri entre ce qui relevait des croyances et ce qui constituait des freins réels », indique Emilie Pedreno. Ensuite, elle s’est tournée vers son école de commerce, l’Essec, dont le programme Elan + mêle bilan de compétences, connaissance de soi et enseignements pratiques. « Surtout, ce cursus fait la part belle au collectif. Entourés de participants bienveillants, on déculpabilise d’abandonner un CDI et on retrouve une belle image de soi », dit-elle.

Cassandre Letchimy vante, elle aussi, l’accompagnement cadré et structuré dont elle a bénéficié au sein de REAL Campus by L’Oréal. « Outre les enseignements de la formation, j’y ai appris la patience et la prise de recul, ce qui m’a permis de réaligner mon projet », remarque-t-elle, ajoutant que ce cursus constitue également un vecteur de crédibilité, notamment auprès des partenaires financiers.

Pour sa part, Bénédicte Durand a fait un pas de côté, en restant, dans un premier temps, dans son domaine de compétences. Ancienne directrice du service client et export de la Générale Frigorifique France, elle a tourné le dos, à l’âge de 35 ans, « à la bureaucratie des grands groupes », et rejoint son père au sein de l’ETI Mecelec Composites (devenue Altheora). « Je ne connaissais pas le métier ni ses enjeux, donc je ne me sentais pas d’en prendre les rênes. J’en ai donc d’abord pris la direction du marketing, afin de gagner en légitimité », détaille Bénédicte Durand, désormais directrice générale d’Altheora.

Compenser ce à quoi on renonce

C’est aussi pour s’imprégner du milieu où elle souhaitait aller que Bénédicte Tilloy « a ouvert (s) es chakras et remobilisé tous (s) es sens ». « J’en ai appris les codes, langage, rituels, culture, en ouvrant mon réseau tous azimuts », se remémore Bénédicte Tilloy, précisant que « cette phase d’apprentissage, extrêmement motivante », a eu un effet boule de neige en la rendant « désirable » et en suscitant « plusieurs propositions exaltantes ». Et cette ancienne DRH de la SNCF d’assurer qu’« il faut être généreux, cela finit par vous revenir ». Elle concède néanmoins qu’une reconversion suppose d’accepter de renoncer à certaines choses. Dans son cas, à des éléments de rémunération et à une reconnaissance sociale qu’elle a compensés « en apprenant de nouvelles choses ».

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Si tous ces exemples prouvent qu’écouter « sa petite voix intérieure » peut ouvrir les portes d’un nouvel épanouissement, il convient néanmoins de « ne pas fantasmer sa vie d’après », prévient Christophe Nguyen, qui incite à se confronter aux contraintes du secteur et du métier rêvés. « L’employeur a tout intérêt à mettre en place des dispositifs de type ‘vis ma vie’ et, de manière générale, à accompagner les candidats au départ », estime-t-il. Et d’insister sur le fait que « l’offboarding est aussi important que l’onboarding, car un collaborateur ayant bénéficié d’un soutien dans son projet de départ sera le meilleur des ambassadeurs ».

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