Ressources humaines

Le temps de trajet, un enjeu RH désormais incontournable

Le temps de trajet, un enjeu RH

Plus il est élevé, plus le taux d’absentéisme est important et la motivation des salariés en recul. Voilà pourquoi les entreprises cherchent aujourd’hui à définir des plans de mobilité ambitieux en la matière.

Trois ans après la pandémie de Covid-19 et la généralisation du télétravail, certains enjeux autour de la notion de bien-être et d’équilibre entre vies professionnelle et privée ont été mis en lumière, et parmi eux la question du temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail.

Il s’agit désormais d’une problématique RH incontournable, avec des réflexions à mener concrètement concernant le plan de mobilité de l’entreprise, l’extension du télétravail ou encore la possibilité de relocaliser des salariés plus proches de leur domicile.

Récemment, de nombreuses études ont permis de dresser un constat sans appel : les salariés estiment que la durée du trajet jusqu’à leur lieu de travail est un aspect majeur, qui les influence quand il s’agit d’accepter un poste et/ou de s’y maintenir.

Vers une réflexion plus profonde

Ainsi, trois quart des Français seraient prêts à quitter leur travail pour en trouver un plus proche et 60% estiment que le trajet est le premier critère de choix d’un emploi avant le salaire et l’intérêt du poste. D’ailleurs, plus de la moitié des Français disent qu’ils seraient prêts à accepter une baisse de salaire pour pouvoir travailler à moins de 20 minutes de chez eux.

Et si l’essor du télétravail constitue une solution pour certains collaborateurs et leur a permis de limiter leurs temps de trajets hebdomadaires, il faut aussi rappeler que 60 % des actifs français occupent des postes de terrain, qui ne sont pas éligibles au télétravail. Une réflexion plus profonde sur la mobilité et sur l’élaboration de nouvelles stratégies pour réduire la distance et la durée des trajets s’impose donc pour les entreprises qui souhaiteraient réellement se saisir du sujet.

Elles ont d’ailleurs tout intérêt à le faire, ne serait-ce que d’un point de vue économique. En effet, des temps de transports élevés sont associés à un taux d’absentéisme plus important et à une baisse de la motivation des salariés, qui peuvent en conséquence se montrer moins productifs.

Enjeu économique, écologique et social

Il a récemment été estimé que l’absentéisme a un coût important, s’élevant à plus de 100 milliards d’euros par an à l’échelle de la France. « En réduisant les distances et l’usage de la voiture, on a un vrai impact sur la baisse de l’absentéisme et du turnover, ce qui constitue des économies très substantielles pour les employeurs publics et privés », souligne Laure Wagner, cofondatrice et CEO de « 1km à pied », Logiciel RH d’analyse des trajets Domicile-Travail et de Mobilités internes géographiques.

Mais il s’agit aussi d’un enjeu écologique de taille pour les entreprises. Dans la grande majorité des cas, le trajet vers le lieu de travail est trop distant pour être réalisable à vélo ou à pied (en moyenne le trajet domicile-travail moyen en France est de 13,3 km) et hors des grandes agglomérations, les options de transports en commun sont plus limitées. Résultat : plus de 72 % des salariés français font toujours leur trajet en voiture, ce qui représente un coût environnemental important. Les RH jouent de plus en plus un rôle pour proposer des solutions qui permettraient de limiter ces trajets en voiture.

Stéphanie Meyer, directrice de filiale chez EM Services (RATP DEV), un cabinet de conseil opérationnel en transport et mobilité durable, a vu cette tendance se préciser ces dernières années : « Les RH nous sollicitent sur le sujet de la mobilité, avec des questions de recrutement et fidélisation. Ils souhaitent généralement intégrer la thématique de la mobilité dans une réflexion plus large sur les facteurs d’attractivité, la rétention des talents, et sur le fait d’inclure des forfaits mobilité aux packages financiers. Mais nous sommes aussi sollicités par les interlocuteurs chargés de la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) dans les entreprises, qui voient le plan de mobilité employeur comme un levier et souhaitent mettre en place des actions de mobilité durable », explique-t-elle.

Montrer l’exemple d’en haut

Alors quelles sont les solutions qui peuvent être mises en place ? Avec ses équipes, Stéphanie Meyer, aide les entreprises à définir des plans de mobilité ambitieux, en faisant un état des lieux très précis des modes de déplacement des collaborateurs, en développant des solutions alternatives à la voiture individuelle adaptée au contexte de l’organisation (service de navettes, covoiturage, forfait mobilité durable etc…), et en communiquant pleinement sur le sujet.

« Si vous voulez que le plan de mobilité employeur se concrétise, il faut animer la thématique et communiquer dessus auprès des collaborateurs. La mobilité durable ne porte pas simplement sur des éléments financiers incitatifs. Il faut aussi montrer l’exemple d’en haut : si le top management vient à vélo et abandonne sa voiture de fonction, cela incite les collaborateurs à faire de même », assure Stéphanie Meyer.

Laure Wagner et ses collègues aident les employeurs multisites à identifier les salariés qui pourraient faire le même travail plus près de chez eux. Le logiciel proposé par «1km à Pied» permet à certaines entreprises, comme Auchan, d’être « proactives » sur les mobilités inter-magasins qui rapprochent les collaborateurs de leur domicile. D’autres organisations proposent aux salariés du siège de télétravailler depuis une agence de terrain à proximité, ce qui a l’avantage de créer des liens entre les cadres du siège et les opérationnels terrain.

«Réduire la distance du trajet domicile-travail répond au besoin des salariés et réduit leur budget carburant. En moyenne les salariés réaffectés gagnent 10,2 km matin et soir, ce qui réduit aussi la fatigue et l’absentéisme », conclut-elle.

Par Léna Sanchez

 

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