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La moitié des entreprises disent avoir déjà réduit leurs effectifs à cause de l’IA

La moitié des entreprises disent avoir réduit leurs effectifs à cause de l'IA

Les salariés en poste ont tendance à sous-estimer l’impact de l’intelligence artificielle sur leur carrière, révèle une étude de LHH publiée ce jeudi.

« L’intelligence artificielle va-t-elle nous prendre nos emplois ? » Depuis le développement de cette technologie, la question hante de nombreux salariés. Pour y répondre, le groupe Adecco, maison mère du cabinet de recrutement LHH, a interrogé 2.000 cadres dirigeants dans 13 pays*.

Et le résultat n’est pas vraiment rassurant : près de la moitié (46 %) d’entre eux disent avoir déjà réduit leurs effectifs à cause de l’intelligence artificielle. Et 54 % prévoient d’employer moins de personnes dans les cinq prochaines années.

« L’intelligence artificielle (IA) transforme en profondeur les dynamiques du marché du travail », constate Michaël Chambon, directeur des transitions de carrières chez LHH France. Il note aussi que les salariés en poste ont tendance à sous-estimer l’impact de l’IA sur leurs compétences et leur avenir professionnel.

En effet, l’analyse des données de LHH révèle que seuls 12,4 % des salariés en transition accompagnés par le cabinet de recrutement attribuent leur licenciement à l’IA. Et seule une très faible minorité (1,4 %) estime que leurs postes ont été directement remplacés par cette technologie.

Différences de perception selon les secteurs

Tous les secteurs ne sont pas aussi lucides quant à l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi. Alors que Microsoft a indiqué que 30 % de son code était désormais généré par l’IA, les plus conscients sont les travailleurs de la tech : 23,3 % des candidats issus du secteur des logiciels informatiques attribuent leur licenciement à l’IA et 20,2 % dans le domaine du matériel informatique. Les professionnels des assurances (20,2 %), des services financiers (11,5 %) et des banques (10,9 %) sont aussi conscients de l’impact de cette technologie.

A l’inverse, dans le secteur de l’énergie ou de l’agriculture et de la foresterie seuls 2,5 et 4,2 % des interrogés estimaient que leurs licenciements pouvaient être dus à l’intelligence artificielle. Interrogé sur le sujet dans « Les Echos », Karim Boufenech, directeur des équipes produit pour la solution RH ADP, expliquait ainsi cette différence de perception : « Dans l’assurance, la banque, l’ingénierie, on utilise un ordinateur tous les jours, donc les cas d’usage de l’IA, le gain de temps que cela permet, sont facilement constatés. […]. À l’inverse, les agriculteurs n’imaginent pas que l’IA va s’asseoir sur le siège du tracteur même si cette technologie peut avoir un impact, par exemple, sur l’optimisation des rendements. »

Reconversion nécessaire

Pourtant, « même si l’IA n’est pas encore perçue comme la principale cause des licenciements, son impact est bien réel pour ceux qui en sont victimes », soulignent les auteurs de l’étude. En effet, seuls 36,9 % des candidats licenciés en raison de l’IA ont retrouvé un emploi dans les trois mois, contre 46,2 % de ceux dont le licenciement n’était pas lié à cette technologie. Et les licenciés pour cause d’IA sont deux fois plus susceptibles de connaître une période de transition supérieure à un an.

Les salariés licenciés pour ces raisons ont parfois du mal à rebondir. « Trop souvent, les personnes concernées cherchent à réintégrer des postes similaires à ceux qu’elles occupaient auparavant, sans mesurer l’ampleur de la transformation désormais nécessaire », constate Izabella Khazagerova, chargée des transitions de carrière chez LHH. Une reconversion devient plus nécessaire : l’enquête observe que 58 % des candidats accompagnés par LHH ont changé de métier.

*France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Australie, Japon, Belgique, Italie, Pays-Bas,Suède, Suisse, Etats-Unis, Canada

Sarah Dumeau

 

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