Ressources humaines

Ces « red flags » qui doivent vous mettre la puce à l’oreille dans une offre d’emploi

Dans une annonce d'emploi, certaines formulations ou l'opacité sur certains points (salaire, étapes du recrutement…) peuvent être mauvais signe. Quand faut-il être sur vos gardes ? Voire passer votre chemin ? Trois experts des ressources humaines répondent.

Dans une annonce d’emploi, certaines formulations ou l’opacité sur certains points (salaire, étapes du recrutement…) peuvent être mauvais signe. Quand faut-il être sur vos gardes ? Voire passer votre chemin ? Trois experts des ressources humaines répondent.

Quel salaire pourriez-vous empocher en occupant ce poste qui vous fait envie ? Si de plus en plus d’entreprises donnent des informations sur la rémunération dans leurs offres d’emploi, beaucoup d’entre elles ne le font pas.

Karim Hechmi, fondateur de l’entreprise en conseil RH FindYourWay, se méfie de ces offres qui restent floues, par exemple en se contentant de la mention « rémunération selon profil ». « Si on n’a pas d’information, cela veut souvent dire qu’au sein de l’entreprise, il n’y a pas de transparence sur les salaires, pense celui qui est connu sur les réseaux sociaux sous le nom de Tonton Karim. Et quand il n’y a pas de transparence, ce peut être parce qu’il y a des inégalités salariales qu’on a du mal à justifier… »

Un constat que fait aussi Sandrine Dorbes, auteure du livre « La Rémunération n’est pas qu’une question d’argent ». « On lit parfois ‘rémunération attractive’ ou ‘package compétitif’, sans précision. Mais ces formules ne veulent rien dire de concret et créent souvent des attentes déconnectées de la réalité côté candidats », regrette-t-elle.

Pour elle, ces expressions peuvent aussi être le signe que « l’entreprise n’a pas clairement défini son positionnement salarial, ou qu’elle laisse une très large marge de négociation… parfois au détriment de candidats qui ne savent pas bien se vendre ».

Manque de transparence sur le processus de recrutement

Les parts variables importantes, qui s’ajoutent à un salaire fixe, sont aussi à prendre avec du recul, d’après elle. Par exemple, s’il est indiqué « jusqu’à 50 % de bonus » sans que soient mentionnés les critères pour l’obtenir. « Dans ces cas-là, il est difficile d’évaluer le revenu réel auquel on peut prétendre », estime Sandrine Dorbes.

Avec certains recruteurs, le manque de transparence ne se limite pas à la rémunération, mais aussi au déroulé du processus de recrutement. Si votre CV est retenu, combien d’entretiens de combien de temps faudra-t-il passer ? Avec qui ? Faudra-t-il aussi effectuer une mise en situation, une étude de cas, passer un test de personnalité ? Et à quelle échéance aurez-vous une réponse ? Certains ne disent rien à ce propos dans l’offre d’emploi.

« Cela veut d’après moi dire que le process de recrutement est variable et qu’il peut se transformer en passant de deux à cinq entretiens, grimace Karim Hechmi. Pour le candidat, c’est stressant de ne pas avoir de visibilité. En plus, ça ne lui permet pas de se préparer au mieux aux étapes qui l’attendent. »

Creuser en entretien

Autre red flag selon lui : si les missions qui seront attribuées à la nouvelle recrue ou les compétences attendues sont sans fin. « On peut vouloir d’un candidat qu’il soit polyvalent, mais il ne peut pas tout faire et être bon partout, pointe Karim Hechmi. Si le recruteur en demande trop, ce peut être le signe qu’il n’est pas au clair sur les tâches que fera vraiment la nouvelle recrue ou bien que cette dernière sera sûrement en difficulté face à des objectifs inatteignables. »

Certains termes, comme « ambiance start-up », « baby-foot », ou « esprit de famille » le font aussi douter. « Ils ont été utilisés à tort à travers, si bien qu’ils ont perdu de leur substance et qu’ils ne sont pas franchement bien connotés aujourd’hui. » Lui préfère par exemple une entreprise qui met en avant son engagement pour recruter des personnes issues de la diversité ou avec un handicap.

Mais pour Karim Hechmi, un candidat ne doit pas forcément renoncer à postuler s’il a des doutes en lisant une offre d’emploi. « Parfois, celles-ci ne sont pas rédigées par des RH mais par des gens dont ce n’est pas le métier : un manager ou un dirigeant de boîte par exemple, pressé de trouver quelqu’un. Ces derniers n’ont pas toujours les codes pour écrire un bon texte et peuvent être maladroits. »

L’annonce dans son ensemble vous fait envie mais certains points vous font tiquer ? Lui recommande de postuler, et de creuser les sujets qui vous posent question en entretien. « On peut avoir de belles surprises ! »

Sonder plusieurs sources sur les missions

Exemple : si les missions sont génériques dans l’offre d’emploi. « L’entretien peut être l’occasion de les clarifier, pour éviter les malentendus et être sûr que vos attentes et celles du recruteur sont alignées », développe Karine Trioullier, fondatrice de l’agence de consulting RH Tida Bisa.

On vous fait passer plusieurs entretiens ? Profitez-en pour poser les mêmes questions sur vos futures missions à vos différents interlocuteurs. « S’ils vous répondent des choses assez diverses, c’est un vrai red flag. Cela présage de difficultés à venir ! » avance-t-elle.

Demandez aussi pourquoi le recrutement a lieu : « Est-ce parce que l’activité grossit ? Parce que la personne qui était en poste a démissionné ? Parce qu’elle a évolué en interne ? Vous saurez ainsi s’il y aura une passation sur les dossiers, si le titulaire actuel vous expliquera le poste ou si vous serez seul pour découvrir votre nouveau rôle », développe Karine Trioullier, alias Career Kueen sur les réseaux sociaux.

Enfin, l’offre d’emploi fait peut-être mention de « possibilités d’évolution ». Ou indique que les missions sont susceptibles d’évoluer car l’entreprise est en croissance. Là encore, mieux vaut prévenir que guérir. « Renseignez-vous sur ce qui pourrait changer concrètement, pour vous assurer que cela vous convient. »

 

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