Reprendre le travail après des mois d’absence, éprouvée physiquement et psychologiquement, avec un pincement au coeur de ne plus beaucoup voir son bébé… Le retour de congé maternité n’est pas toujours évident, mais l’anticiper peut aider.
Seize semaines. C’est la durée minimale du congé maternité. « C’est à la fois beaucoup à l’échelle de la vie de l’entreprise dans un contexte économique où tout va très vite, et très peu à l’échelle d’une carrière, qui dure plus de quarante ans », résume Caroline Diard, professeure associée à TBS Education et experte en gestion des ressources humaines.
Pendant un congé maternité, beaucoup de choses ont pu changer en interne : de nouveaux salariés embauchés, d’autres partis, un portefeuille de clients modifié, une stratégie revue… Au retour au bureau, il faut donc raccrocher les wagons. Et ce, en jonglant avec une vie personnelle bouleversée. Un exercice pas simple, mais qui peut être facilité en suivant ces pistes.
1. Réfléchir à prolonger votre absence
Entre votre départ en congé maternité et votre nouvelle vie de mère, peut-être que vos envies ont évolué. « Vous imaginiez revenir au bureau rapidement mais préférez finalement passer plus de temps avec votre bébé ? C’est possible, mais cela s’anticipe », explique Clémence Pagnon, auteure du livre « Le 5ᵉ trimestre : bien vivre son retour de congé maternité », sorti en avril (Editions Solar).
Légalement, les femmes ont droit à un congé maternité d’au moins dix semaines après leur accouchement. Pour étendre cette absence, elles peuvent prendre un congé parental, pouvant aller jusqu’aux 3 ans de leur enfant – durée durant laquelle elles ne perçoivent pas leur salaire mais sont éligibles à des aides de la CAF. « L’allocation de base est de 456 euros, la décision doit donc être mûrement réfléchie avec le ou la conjointe », précise Caroline Diard.
Si leur employeur ne peut s’opposer à cette prise de congé, il doit être informé du départ au moins un mois avant, si celui-ci démarre dans la foulée du congé maternité.
Autre option : opter pour un congé parental à temps partiel. « Cela permet un retour en douceur et une réintégration progressive », note Caroline Diard.
Utiliser vos congés payés est aussi une possibilité. « Les congés maternité et paternité étant assimilés à du temps de travail effectif, les salariés accumulent des congés payés durant cette période, comme s’ils étaient au bureau », détaille Clémence Pagnon.
Enfin, les parents peuvent poser un congé sans solde. Dans certains cas, celui-ci peut être financé grâce au compte épargne temps (CET), s’ils en détiennent un.
2. Vous préparer au retour
Dans les quinze jours qui précèdent la reprise, Clémence Pagnon recommande de vous y préparer. Trouvez des vêtements confortables et adaptés à votre activité, essayez le tire-lait dont vous servirez au travail, renseignez-vous également sur vos droits…
Jusqu’au 1 an de leur enfant, les femmes peuvent par exemple prendre une heure de pause dans la journée pour allaiter – une pause normalement pas rémunérée, à moins que des dispositions conventionnelles le prévoient.
« Pour que la reprise ne soit pas trop éreintante, essayez de revenir un mercredi plutôt qu’un lundi », recommande Clémence Pagnon, également cofondatrice d’Issence, cabinet qui accompagne les entreprises et leurs salariés-parents dans l’articulation parentalité-travail.
3. Passer un entretien
D’après le Code du travail, l’employeur doit proposer un entretien professionnel aux salariées à l’issue de leur congé maternité. « Dans les faits, beaucoup oublient de le faire », regrette Clémence Pagnon. Elle conseille donc aux femmes de solliciter ce rendez-vous, de caler un créneau d’au moins une heure dans la semaine qui suit leur retour avec leur manager ou une personne des ressources humaines et de préparer cet échange.
C’est l’occasion d’aborder différents sujets. D’abord, de faire un point sur ce qu’il s’est passé durant votre absence : de nouvelles personnes ont-elles rejoint l’équipe ? L’entreprise a-t-elle de nouveaux clients ? L’organisation a-t-elle changé ? etc. Autre sujet à traiter : vous, vos attentes, vos contraintes… Enfin, cette discussion sert échanger sur vos objectifs à court et moyen termes et ce que votre employeur attend de vous.
A l’issue de cet entretien, un compte rendu doit être fait par écrit et vous être remis. « Il peut aussi être judicieux de proposer en fin d’échange un rendez-vous de suivi un ou deux mois plus tard, suggère Clémence Pagnon. Cela vous épargnera la gêne ou l’appréhension de le solliciter de nouveau. Et ce sera l’occasion d’ajuster ce qui doit l’être. »
4. S’autoriser une reprise progressive
Parfois, les managers attendent de leurs salariées qu’elles travaillent dès leur retour comme si elles n’étaient jamais parties. Des mamans, aussi, se démènent pour effectuer leurs tâches comme avant. « Résultat, certaines s’épuisent et se retrouvent en arrêt maladie peu de temps après leur retour », constate Clémence Pagnon.
Pour elles, les mères doivent s’autoriser à voir la reprise comme un temps de transition, avec une montée en puissance progressive. « Considérez votre reprise comme une prise de poste, préconise l’auteure. Acceptez de tâtonner, de faire des erreurs, notamment les deux ou trois premiers mois. Et n’hésitez pas à demander à votre employeur de vous accompagner comme si vous preniez de nouvelles fonctions. »
Pour faciliter la reprise, certains employeurs permettent aux mamans de ne pas travailler à temps complet, tout en touchant la totalité de leur salaire durant un certain temps. Exemple avec l’entreprise française Expanscience, qui propose aux parents d’exercer à 80 % les deux premiers mois de leur reprise, en percevant 100 % de leur rémunération.
« Si vous n’avez pas cette chance, songez à poser de façon hebdomadaire au moins un RTT d’une demi-journée, pour souffler les premières semaines », glisse Clémence Pagnon.
Chloé Marriault