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« On peut être brillant sans être visible » : comment survivre au travail en étant discret, timide ou introverti

Ces personnalités qui ont tendance à se mettre moins en avant peuvent passer à côté de certaines opportunités au bureau, parce qu’elles sont moins visibles. Ces salariés discrets ont pourtant des atouts à faire valoir, estiment deux experts.

Les personnalités introverties, qui préfèrent les environnements calmes et se ressourcent seules plutôt qu’en groupe, peuvent être mises en difficulté dans un open space…

« Elles peuvent avoir du mal à supporter toutes ces interactions sociales et vont avoir tendance à participer moins aux réunions ou aux événements extérieurs », constate Christophe Nguyen, psychologue du travail.

Un comportement qui peut leur être reproché. « Au travail, on a tendance à valoriser un certain charisme social, un leadership, ceux qui vont le plus se montrer : on est beaucoup dans la communication orale. Les personnes introverties, qui peuvent être plus en difficulté lors des prises de parole, vont être moins visibles et moins valorisées », observe le fondateur du cabinet Empreinte Humaine. Les introvertis peuvent aussi être mis en difficulté quand il s’agit de se positionner sur certains projets.

Leur timidité peut également passer pour une certaine froideur. « Il y a des jugements socialement négatifs autour de l’introversion », explique Christophe Nguyen. Charge alors à leurs supérieurs de savoir les mettre en avant.

« C’est important pour les managers de ne pas reconnaître que ce que l’on voit. On peut être brillant dans son travail sans pour autant être visible. Il faut intégrer la diversité de personnalités au sein de l’équipe », conseille le psychologue du travail.

Communiquer à l’écrit

D’autant plus que ces personnalités plus discrètes ont aussi des atouts à faire valoir. « Leur sensibilité et leur capacité de réflexion peuvent être bénéfiques », pense Christophe Nguyen. « Ils ne s’engagent dans une conversation que quand ils le jugent nécessaire. J’ai donc l’impression qu’ils peuvent apporter une contribution plus riche à la conversation », estime Avani Prabhakar, DRH de l’éditeur d’outils de collaboration Atlassian.

Dans cette entreprise australienne employant 13.000 collaborateurs dans treize pays, les salariés peuvent librement choisir de venir au bureau ou de faire du 100 % télétravail. Comme ils sont régulièrement amenés à travailler avec des équipes situées sur différents fuseaux horaires, le travail asynchrone est la norme. Avani Prabhakar a constaté que cette façon de travailler pouvait aider les introvertis à s’épanouir au bureau.

« Le travail asynchrone crée un espace où tout le monde est sur un pied d’égalité du point de vue de la communication. Alors que dans une réunion en présentiel, les participants veulent dire ce qu’ils ont à dire avant que quelqu’un d’autre le fasse et au final, les personnes les plus bruyantes seront les plus écoutées. Quand ça passe par l’écrit, c’est plus facile pour les personnes réservées d’exprimer leur point de vue », observe la DRH. Des méthodes de travail encore peu utilisées en France où la culture du présentéisme reste fortement ancrée.

Sarah Dumeau