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Formation professionnelle : ce que les Français attendent de la réforme

Sondage : les Français et la formation

Sondage : les Français et la formation professionnelle

Plus d’alternance, l’équivalent d’Airbnb pour les formations accessibles via son CPF et des financements pour les chômeurs : ce sont les trois priorités des Français, selon un sondage BVA.

Les Français ont toujours une image très positive de la formation professionnelle malgré un défaut d’information. Et ils attendent beaucoup de  la réforme promise par le gouvernement , même s’ils ne savent pas, pour la très grande majorité d’entre eux, sur quoi elle porte. C’est ce qui ressort de l’enquête menée par l’institut BVA pour le compte du Fafsea, l’Organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) du secteur du monde rural et agricole, présentée ce jeudi à l’occasion du Salon de l’agriculture et publiée par « Les Echos ».

A quelques jours de la présentation par Muriel Pénicaud de son projet, le ministère du Travail comme les partenaires sociaux pourront puiser dans ce sondage de quoi conforter leurs arguments, pas complètement convergents.

Une fois le rideau levé, les Français se retrouveront sur un point, en partie du moins : l’alternance. Sur un panel de cinq mesures, plus d’un sondé sur deux a placé en tête des priorités celle d’augmenter le nombre de formations qui suivent ce type de cursus. Le projet de réforme ne vise pas cela en tant que tel, mais il promet une refonte totale de l’apprentissage qui – exécutif comme partenaires sociaux sont d’accord – devrait améliorer les choses.

Airbnb de la « formpro »

La deuxième priorité, pour quatre Français sur dix, porte sur la création d’un site d’orientation recensant toutes les formations accessibles via son Compte personnel de formation (CPF) avec des notes données par les stagiaires. Le ministère du Travail devrait applaudir, lui qui promet pour demain une sorte d’application « Airbnb » de la « formpro » sur smartphone !

Muriel Pénicaud devrait aussi trouver motif de satisfaction avec la troisième priorité (ex aequo avec 40 % des sondés) : réserver les financements de la formation en priorité aux demandeurs d’emploi et aux moins qualifiés. C’est bien le but de la contribution annuelle de 0,3 % de la masse salariale, soit de l’ordre de 1,5 milliard d’euros par an, qui financera la moitié du grand plan compétences, connu sous l’acronyme PIC (plan d’investissement des compétences).

L’exécutif et les partenaires sociaux se retrouveront sur la quatrième priorité exprimée, à savoir donner plus d’importance au CPF et aux formations courtes, qui recueille 34 % des réponses. C’est l’un des apports majeurs de l’accord trouvé par les syndicats et le patronat et salué par Muriel Pénicaud puisque le crédit annuel du CPF va passer de 24 à 35 heures, avec un plafond de 400 heures, soit 250 heures de plus qu’actuellement.

Conseil et délais

A l’inverse, le fait que seuls 7 % des Français jugent prioritaire de supprimer le congé individuel de formation, le CIF, sonne comme un camouflet pour le gouvernement qui a  programmé la mort de ce dispositif taillé pour les reconversions professionnelles. Syndicats et patronat y verront, eux, la légitimation de leurs positions : aux termes d’arbitrages financiers complexes, ils se sont mis d’accord pour préserver des fonds pour un dispositif de formation longue sous la forme d’une modalité particulière du CPF.

Tout comme ils souligneront que leur accord visant à financer le conseil en évolution professionnelle (CEP), et, ainsi, en faire un droit véritablement universel, va dans le bon sens : 72 % des sondés estiment que la formation professionnelle serait plus attractive si elle était précédée d’un accompagnement personnalisé.

L’appétit des Français pour développer leurs compétences serait aussi renforcé si les délais de réponse à une demande de formation étaient réduits, estiment 73 % d’entre eux. De ce point de vue, qui touche à la tuyauterie de la « formpro », les sondés renvoient les deux camps dos à dos. S’ils partagent l’objectif, la route pour y arriver constitue le point de désaccord majeur : là où les partenaires sociaux plaident pour  une amélioration de l’existant, Muriel Pénicaud, elle, promet de renverser la table.

Alain Ruello