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L’essor des créations de microentreprises se confirme

L'essor des créations de microentreprises

Près de 527.600 entreprises ont vu le jour au premier semestre contre 537.770 en 2022 sur la même période selon l’Insee. L’essor des microentreprises se confirme. Les acteurs de la création d’entreprise veulent susciter des projets dans les quartiers défavorisés.

Après une année 2022 record, les créations d’entreprise reprennent leur souffle. Au premier semestre 2023, quelque527.600 entreprises ont vu le jour, contre 537.770 un an plus tôt sur la même période, selon les derniers chiffres rendus publics jeudi 27 juillet par l’Insee. Un léger tassement.

Mais pas de quoi s’inquiéter outre mesure. Après la vague inédite de plus d’un million de créations d’entreprise enregistrée l’an dernier, la baisse est limitée avec seulement 10.000 inscriptions en moins. Sur un an, le nombre total d’entreprises créées augmente encore de 1,8 % après le rebond enregistré au mois de juin (+2,5 %). Chaque mois, entre 83.000 et 87.000 entreprises ont encore été créées depuis le début de l’année. Il se pourrait même que les chiffres soient un peu meilleurs.

Dossiers en cours de validation

« Les évolutions des premiers mois de l’année doivent être interprétées avec la plus grande prudence » avertit l’Insee dans son communiqué. De fait, lancé le 1er janvier 2023,le guichet unique des entreprises a accumulé les déboires. Alors que toute nouvelle structure doit obligatoirement s’y enregistrer, une partie des dossiers déposés reste en cours de validation. « Ce changement important fragilise temporairement le suivi mensuel des créations d’entreprise », alerte l’Institut de la statistique.

Dans le détail, ce sont les immatriculations d’entreprises individuelles ou sous forme sociétaire qui se replient, en baisse de 4,3 % et de 1,1 %. Les velléités d’entreprendre ayant pu être freinées par la dégradation de l’activité économique, voire par la remontée des taux d’intérêt pour les projets les plus ambitieux.

L’essor des microentreprises se confirme en revanche. Au premier semestre, leur nombre est en hausse de 1,7 %, avec une nette accélération entre avril et juin (+5,3 %). « Le régime de la microentreprise, c’est simple, rapide et cela ne coûte rien », plaide François Hurel, président de l’Union des autoentrepreneurs. Les créations ont rebondi dans le secteur du bien-être mais aussi les services aux entreprises ou celui du nettoyage des bâtiments.

Viser les quartiers défavorisés

Les chiffres des prochains mois diront si baisse réelle des créations d’entreprise il y a, ou pas. L’indicateur sera d’autant plus suivi de près que les défaillances ne cessent d’augmenter depuis la fin du « quoi qu’il en coûte ». Près de 48.700 procédures collectives ont ainsi été ouvertes en cumul sur un an à fin juin, selon la Banque de France. Un niveau proche de celui en vigueur avant l’épidémie de Covid.

Les jeunes entreprises affichent toutefois un taux de défaut moins élevé que d’habitude. Selon les données du cabinet Altares, 1.660 structures lancées à la sortie de la crise sanitaire et ayant donc moins de trois ans ont fait défaut au deuxième trimestre 2023, contre 2.000 sur la même période en 2019. Elles sont nées « dans l’adversité, avec des projets très préparés, solidement financés », explique Thierry Millon, directeur des études chez Altares.

Face au malaise des quartiers défavorisés mis en évidence par les émeutes urbaines qui ont suivi la mort de Nahel, les acteurs de la création d’entreprise affichent de leur côté une ambition : promouvoir l’entrepreneuriat et susciter des projets dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. « Il faut révéler l’envie d’entreprendre chez de nouvelles personnes : les jeunes, les publics éloignés du marché », insiste Guillaume Pepy, président d’Initiative France dans une interview aux « Echos ». En 2021, lors de son déplacement à Marseille, Emmanuel Macron en avait pris l’engagement. « Il y a une vraie demande pour sortir du travail informel », assure François Hurel qui rappelle qu’« aux Etats-Unis, la moitié des créateurs sont issus des quartiers en difficulté ».

Par NATHALIE SILBERT