Assistants sociaux du travail : comment faire progresser vos pratiques

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Interview de Sylvaine GREMONT, Assistante sociale et psychologue du travail, CREATTIS

Certifiée en Psychopathologie du travail et habilitée IPRP, Sylvaine Grémont est également titulaire d'un Master 2 d'Administration des Entreprises, d'un DEA de Sociologie et d'un Diplôme Supérieur en Travail Social (DSTS). Elle a exercé la profession d'assistante sociale du travail pendant 12 ans au sein de France Telecom. En 2007, elle crée le cabinet de conseil CREATTIS, spécialisé en service social et santé au travail : supervision d'intervenants sociaux en entreprise, coaching de managers, interventions sur les risques psychosociaux et les incidences des changements sur la santé des personnels, diagnostics organisationnels... Elle a ouvert en 2012 une consultation souffrance au travail.

Elle anime les formations :
- Assistant(e) social(e) du travail : devenez un interlocuteur clé en santé au travail
- Assistant(e) social(e) du travail Niveau 2 : faites progresser vos pratiques

Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les assistants sociaux du travail dans le cadre de leur fonction ?

L'isolement
Le service social du travail, à part dans les entreprises de dimension nationale, est souvent seul. Il est donc difficile à l'assistant social de partager ses questionnements d'autant qu'il est soumis au secret professionnel

La diversité des rattachements

L'assistant social est quelquefois rattaché à la direction des ressources humaines, quelquefois à ingénieur qualité, quelquefois au comité d'entreprise, au service de santé au travail, etc. Cette diversité de rattachement hiérarchique ne facilite pas le positionnement. En principe, le service social du travail devrait être soit rattaché au comité d'entreprise qui est alors son employeur comme le code du travail le prévoit, soit à la direction même de l'entreprise afin de pourvoir agir avec toute l'autonomie technique qui lui revient.

La légitimité

Le service social du travail a bien souvent du mal à être reconnu comme un acteur, en interface entre la vie privée et la vie au travail, et pouvant agir sur ces deux champs : conseil au salarié, appui au manager, interlocuteur des instances représentatives du personnel pour les questions liées à l'action sociale et à la qualité de vie au travail. Encore trop souvent, le service social reste cantonné à l'aide pour la résolution des problématiques personnelles. Il peut être vécu comme concurrent au référent handicap ou au responsable ressources humaines, alors que sa fonction d'expert lui permet une vision transversale et complémentaire de l'homme au travail.

Quels sont vos conseils pour les aider à surmonter ces difficultés ?

Il est important de partir en formation et de rejoindre des réseaux d'assistants sociaux du travail. Il en existe plusieurs en France en région ou au niveau national.

Mais au sein même du service, de l'entreprise ou de la collectivité dans laquelle on travaille, il est essentiel de se faire préciser ses missions, son rôle, et leurs limites... Avoir une fiche de poste ou une lettre de délégation est important, et ce d'autant plus que les entreprises sont mouvantes et qu'il faut asseoir le rôle du service social de manière pérenne indépendamment des directions ressources humaines et des dirigeants souvent mobiles.

Il est également important de communiquer, de faire valoir son expertise, de montrer en quoi le service social est une ressource pour l'organisation, et d'être présent partout où on le peut, y compris dans les moments conviviaux et dans des temps informels. C'est au service social de dire sa valeur ajoutée, de faire savoir ce qu'il peut faire. Les organisations de travail et les directions ressources humaines ignorent assez fréquemment l'étendue des potentiels du service social du travail

Quel est l'intérêt pour les assistants sociaux du travail d'analyser leurs pratiques ?

Rompre son isolement, partager avec d'autres les expériences vécues et exprimer ses questionnements facilite la compréhension de ce qui fait blocage et permet d'avancer. Cela permet également de voir comment d'autres services sociaux du travail interviennent, de s'approprier d'autres modalité de fonctionnement.

Et, bien évidemment, l'analyse des pratiques facilite la prise de distance et donne un espace pour souffler entre pairs confrontés à des contextes de travail similaires. On s'enrichit toujours de la pratique de l'autre et cela aide à s'affirmer dans son entreprise, son service, son établissement.


26/05/2015

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