Apprivoiser sa colère : Interview de Stéphanie Marécaux, formatrice et coach Développement Personnel / Communication et sophrologue

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- Pour quelles raisons se manifeste la colère selon vous, et que dit-elle de nous ?

Aussi étrange que cela puisse paraître, toute émotion a sa raison d'être, y compris la colère. Une émotion est une énergie qui traverse le corps, à un moment précis. Comme toute autre émotion (la peur, la tristesse, la joie...), la colère nous renseigne aussi sur nous-même, sur ce que nous vivons et ressentons dans l'instant. C'est en cela que la colère n'est, en soi, ni bonne ni mauvaise.

La question à se poser est donc : pourquoi est-ce que je me mets en colère ? La colère surgit lorsque j'ai besoin de défendre mes droits. Par exemple, quand j'estime vivre une injustice (« c'est pas juste, pas normal... »), quand je dois faire face à un obstacle difficile à surmonter, que j'ai le sentiment que mon intégrité n'est pas préservée...

En cela, la colère est une réaction saine, une réaction de protection. La colère est donc utile : elle aide à agir et à communiquer. Par notre colère, j'indique à mon interlocuteur mon mécontentement pour le dissuader de persister dans cette voie. C'est une forme d'intimidation, mais attention, sans agressivité ni violence.

-  Quels conseils donneriez-vous pour mieux gérer sa colère, apaiser ses relations et prendre du recul face aux agressions du quotidien ?

La colère est l'émotion la plus mal vécue et la plus réprimée au travail. Beaucoup de salariés s'évertuent en effet à la refouler ou la nier. « Je ne peux pas être en colère, ça ne se fait pas », répètent-ils en silence. C'est une erreur car c'est prendre le risque que cette colère rentrée n'éclate au grand jour, de façon disproportionnée. C'est l'effet « cocotte-minute » qui fragilise le corps et le mental.  

D'autres font preuve d'agressivité (reproches, ton cinglant, cris...). Cette colère exacerbée n'est pas sans conséquence sur leur santé, mais aussi pour leur entourage, qui doit supporter ces pics d'agressivité. Que faire alors ?

Mieux vaut chercher à comprendre sa colère (ou celle de l'autre) puis l'exprimer. Qu'est-ce qui déclenche ma colère, ma frustration ou mon énervement, et me met « dans tous mes états » ? Peut-être un collaborateur qui arrive systématiquement en retard ; le sentiment de ne pas être reconnu pour mes compétences ; un désaccord avec un collègue....

Prendre conscience de sa colère permet de la reconnaître, de l'accepter et donc de l'apprivoiser. C'est le meilleur moyen de la transformer en énergie positive. Parce que je l'écoute, je prends conscience d'un besoin qui n'est pas satisfait en ce moment : un besoin de changement, d'être entendu, de réparation...

Et enfin, et surtout, il s'agit d'oser exprimer ce que l'on ressent, sans agressivité. Pour sortir de la colère, il est bon alors de prendre la responsabilité de son émotion sans la reprocher systématiquement à l'autre : « JE suis énervé(e) », « JE suis agacé » au lieu de  « TU m'énerves », « TU m'agaces ».

Par exemple, à un collaborateur, je luis fais part de mon agacement lié à ses retards: « j'ai remarqué que tu es arrivé deux fois en retard cette semaine. J'avoue que JE suis un peu agacé(e) car j'ai besoin de pouvoir compter sur toi ».

Trop souvent, nous confondons colère et violence ou agressivité. La colère, lorsqu'elle est bien exprimée, manifeste un ressenti à un moment précis qui a besoin de s'exprimer.

Cette approche des émotions (comment elles fonctionnent, ce qu'elles révèlent de nous) permet de prendre du recul, de mieux cerner les causes d'une attitude agressive, et aide à trouver les ressources pour apaiser une relation tendue avec son patron ou un collègue, par exemple.

 Selon les cas, en cas de « situation à chaud » il s'agira plutôt d'avoir recours à « l'empathie minute » (formuler une demande précise ou proposer un acte concret) ou  à reporter la discussion  pour ne pas envenimer la situation et la reprendre plus tard, avec plus de recul.

Respiration, relaxation dynamique, visualisation positive... : quelles techniques recommandez-vous pour transformer rapidement sa colère et son stress en énergie positive ? Comment y faire appel ? Comment utilisez-vous ces techniques en formation ?

Le travail sur l'ancrage corporel et la respiration sont bien sûr les bases de l'approche. Le but est de (re)trouver son axe pour gagner en stabilité et en solidité, pour ne pas « sortir de ses gonds » et se laisser happer par la colère. Mais aussi pour ne pas se laisser envahir par l'agressivité de l'autre !

Il s'agit aussi de ne pas retenir en soi sa frustration. J'aide en effet les participants à prendre conscience qu'un corps sous l'emprise de l'énervement ou l'agacement  est un corps tendu, crispé, qui somatise. L'idée, c'est donc d'apporter de la souplesse dans le corps pour retrouver une certaine fluidité dans les mouvements. Et ainsi, acquérir un nouvel état d'esprit, un nouveau rapport avec les personnes qui nous entourent ou une nouvelle posture face à une situation frustrante.

Grâce la relaxation dynamique (debout et en mouvement), les participants apprennent aussi à évacuer rapidement leur colère, à évacuer hors de soi tout le négatif... C'est une bonne manière aussi de ne pas se sentir submergé par l'agressivité de son interlocuteur et de ne pas y répondre « au quart de tour ». Tous ces exercices, et bien d'autres,  sont faciles à reproduire et peuvent être pratiqués, sur le lieu de travail, pendant 3 à 5 mn. Aussi souvent que nécessaire. 

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