L'entretien infirmier en santé au travail : cela ne s'improvise pas !

Interview de Patrice Walinski, Infirmier en santé au travail, Ergonome et formateur professionnel

Il anime la formation L'entretien infirmier en santé au travail à Lyon et Toulouse.

Avec la réforme de la santé au travail et le développement de la  pluridisciplinarité, les missions de l'infirmier en santé au travail évoluent. Ainsi, les services interentreprises embauchent des infirmier(e)s pour pérenniser le suivi individuel  des salariés par le biais d'entretiens infirmiers. Dans les entreprises, les infirmier(e)s en santé au travail commencent aussi à effectuer des entretiens sous des formes diverses.

Quels conseils donnez-vous aux infirmier(e)s en santé au travail pour mettre en place et mener l'entretien infirmier ?

Dans les services autonomes, l'ESTI (Entretien Santé-Travail Infirmier) peut être envisagé dans des conditions très rigoureuses permettant de garantir le respect des règles déontologiques et professionnelles. L'accord du service de santé au travail qui intervient dans l'entreprise est indispensable ainsi que celui de l'employeur et du comité d'entreprise. La mise en place de l'ESTI dans l'entreprise passe aussi par une campagne d'informations auprès des salariés pour les rassurer sur la manière dont ceux-ci vont être mis en place.

Mais un ESTI ne s'improvise pas !  L'objectif est d'évaluer l'impact du travail sur la santé du salarié et de la santé sur sa capacité à travailler. L'ESTI nécessite donc d'élaborer des outils ainsi qu'une méthodologie permettant d'accéder non seulement  aux risques auxquels le salarié est exposé, mais aussi à la manière dont il appréhende son travail et aux éventuelles répercussions sur sa santé. Cette étape passe donc par l'appropriation de certains concepts comme le « travail réel », les TMS, la pénibilité, le stress... qui faciliteront la construction du diagnostic infirmier.

Quels sont les difficultés que les infirmier(e)s en santé au travail peuvent rencontrer ?

La mise en place de l'ESTI implique que l'infirmier(e) doit avoir accès au dossier médical. Or, l'informatisation de ceux-ci de plus en plus fréquente ne permet pas toujours d'y accéder puisque les données, dans ce cas, sont externalisées dans les médecines du travail. Des compromis doivent donc être trouvés.

Le respect du secret professionnel est la base de la réussite de cette démarche, surtout pour le salarié avec qui la relation de confiance est primordiale. La posture de l'infirmier(e) qui doit garder une position d'écoute attentive est déterminante sur la qualité des informations recueillies pendant l'ESTI. 

Pourriez-vous citer des bonnes pratiques de collaboration avec le médecin du travail dans le cadre de l'entretien infirmier ?

La maîtrise de l'exercice de L'ESTI passe par une période de compagnonnage avec le médecin du travail. Cette technique permet la transmission d'informations et d'expériences, ainsi que le partage de compétences.

Au terme d'un ESTI, une synthèse est systématiquement communiquée au médecin du travail qui pourra, si besoin, utiliser les compétences de l'équipe pluridisciplinaire pour investiguer plus précisément sur une situation de travail problématique.


29/09/2014