Accompagner la fin de vie en EHPAD - Interview de Géraldine Magnier, gériatre

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Accompagner la fin de vie des résidents au sein de votre EHPAD
Intégrer le protocole de fin de vie à votre projet d'établissement

Quels sont les principaux défauts des politiques de fin de vie actuellement existantes ?

 Il est délicat dans le cadre de ma formation médicale et non juriste, d'expliciter les principaux défauts des politiques de fin de vie actuelles.

Par contre, il est sur que la loi Léonetti du 22/4/2005 relative aux droits des malades en fin de vie et autres concepts juridiques tels que l'acharnement thérapeutique, la limitation des soins sont insuffisamment mis en œuvre.

 Il est acquis à ce jour que les soins palliatifs font partie intégrante des soins de santé comme le rappelle la recommandation (2003)24 du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe sur l'organisation des soins palliatifs. A ce titre, il incombe aux gouvernements de garantir l'équité d'accès à toutes les personnes dont l'état le nécessite.

L'objectif des soins palliatifs est d'assurer la meilleure qualité de vie possible en visant à maitriser la douleur et autres symptômes, soutenir la personne face aux problèmes psychologiques ou sociaux et le cas échéant profiter d'un accompagnement spirituel.

Pour répondre aux enjeux de la fin de vie, une priorité est d'élargir l'accès aux soins palliatifs quel que soit le mode organisationnel (lits dédiés, domicile...), de développer une culture palliative auprès de tous les professionnels et dans les services afin d'offrir à tous, sans discrimination, une prise en charge de la souffrance et d'assurer le respect des droits de la personne, plus particulièrement le droit de chacun aux choix du lieu et des conditions de sa fin de vie.

Quel constat peut-on faire au regard de l'actualité des procédures de fin de vie au sein des Ehpad ?

L'accompagnement à la fin de vie est une politique insuffisamment formalisée et pas toujours inscrite à part entière au sein du projet d'établissement. Le positionnement éthique, les limites et les atouts de l'établissement doivent être réfléchis. Cet accompagnement doit s'anticiper dès le processus d'admission et implique tous les acteurs : le résident, la famille, les équipes soignantes...

Elle nécessite dès l'admission en Ehpad ou au mieux en amont, dans le cadre de troubles cognitifs,  le recueil auprès de la personne concernée de la personne de confiance, des directives anticipées, l'accès aux données médicales... notions encore peu appropriées par les usagers et les professionnels malgré les lois du 4 Mars et du 2 janvier 2002.

De manière plus générale, il est important de mettre en œuvre plusieurs processus, dont celui de la communication, concernant les échanges entre l'usager, les professionnels et les proches, garants d'une confiance réciproque, de l'accueil au décès (information, écoute, compréhension, appropriation) et celui de la coordination et de la sécurité des soins inscrits dont le projet personnalisé de l'usager. En découlent des procédures concernant la douleur, la sédation, la toilette mortuaire, le transfert du corps, les pratiques religieuses...

Cette réflexion et la mise en œuvre de cette politique questionne les moyens humains nécessaires en interne et en externe, le management des équipes et la formation du personnel à la technique des soins palliatifs et au soutien de la personne et de son entourage.

En tant que gériatre, venant du secteur sanitaire, quelles passerelles pourraient être construites entre Ehpad et structures médicalisées dans le cadre de la fin de vie ?

La personne concernée souhaite le plus souvent être accompagnée en fin de vie au sein de son lieu de vie. C'est aussi le souhait et la motivation des professionnels impliqués dans cet accompagnement global depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.

Il est important dans ce cadre de développer et mobiliser le réseau de territoire en formalisant des coopérations avec le champ sanitaire hospitalier et les acteurs de santé libéraux.

L'intervention d'une équipe mobile de gériatrie en soins palliatifs permet l'échange de bonnes pratiques professionnelles, de la connaissance de la personne et de son entourage. Ces équipes mobiles peuvent par ailleurs, assumer le rôle d'un tiers en cas de conflit entre professionnels et proches de l'usager.

En cas de nécessité d'un transfert d'une personne en fin de vie en milieu hospitalier, la connaissance de l'usager par les acteurs du secteur médico-social est indispensable à l'adéquation de la prise en charge pour les professionnels de santé. Le DLU est alors l'outil indispensable à la coopération entre les secteurs médico-social et sanitaire.

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