Interview sur les achats responsables

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3 questions à Xavier Robaux qui anime la formation Achats responsables.

1/ Quelles sont les tendances actuelles concernant les achats responsables en France ? 

On distingue actuellement 3 groupes d'acheteurs qui se comportent de manière très différente : les "leaders", les "suiveurs" et les "sur place".

Les « leaders » sont représentés par quelques groupes de l'agroalimentaire et de la grande distribution (dont beaucoup d'anglo-saxons ayant des fournisseurs en France). Ces groupes ont mis une politique volontariste et imposent désormais un audit extérieur sur une base d'un standard qui commence à être reconnu internationalement. Cet audit doit être conforme pour pouvoir continuer à travailler avec eux. La gestion de panel en est réellement bouleversée. Les acheteurs sont très impliqués, les fournisseurs sont sous pression, et ce, partout dans le monde. Un de ces grands comptes a prévu de faire auditer ses 50 000 fournisseurs sur toute la planète et exige de ceux-ci une conformité à référentiel mondial unique dans un délai de 3 ans.

Les « suiveurs » ont déployé une politique d'achats responsable mais n'ont pas encore pris encore de décision face à des situations inacceptables. Ils gèrent le risque. C'est le groupe le plus important aujourd'hui. Ils ont besoin d'aide pour passer à l'acte et aux décisions. On y trouve beaucoup d'industriels, de banques et d'assurances.

Les « sur places » pensent que le développement durable est une mode et que les bénéfices à court termes sont encore supérieurs si on ne fait rien. Ils sont encore nombreux à convaincre.

2/ Quels sont les bénéfices pour l'entreprise  d'une politique d'achats responsable ? 

Une politique d'achats responsable permet l'atteinte de plusieurs objectifs. Le premier bénéfice est une réduction des coûts cachés globaux.  Aujourd'hui tout le monde admet que  les coûts cachés de l'irresponsabilité sont colossaux (effets d'image, nécessité de communiquer, de politique de compensations...). La mise en place d'une gestion des risques achats qui prenne en compte la responsabilité sociétale permet de limiter les risques. On peut donc aussi voir les bénéfices comme une absence de négatif : certains cas célèbres d'achats irresponsables ont réellement coûté des fortunes. L'actualité 2013 est déjà riche: accident au Bengladesh, situations géopolitiques tendues, pénuries de matière première, polémiques sur certains matériaux.

On voit aussi grâce aux achats une amélioration de la performance sociétale globale de l'entreprise (on tire l'entreprise vers le haut, y compris en tirant les fournisseurs vers le haut), et une facilité accrue pour répondre aux objectifs des clients et actionnaires en matière de RSE. Il faut rappeler que la promotion de la RSE dans la chaîne de valeur (chez les fournisseurs) est un domaine d'action essentiel de la RSE, reconnu comme tel dans toutes les normes internationales de RSE. Cela donne accès à des clients devenus plus exigeants et à des actionnaires soucieux des aspects responsables de leurs investissements.

3/ Comment concilier achats responsables et rentabilité ?

Aucune démarche d'achat responsable n'est pas globalement rentable. Tout dépend du prisme avec lequel on regarde la rentabilité et l'horizon qu'on se donne en termes de temps. En regardant à 1 an, les dépenses sont à court terme plus importantes que les bénéfices.

En fait, les achats responsables sont un peu comme une assurance auto. Qui aujourd'hui serait assez irresponsable pour ne pas rouler assuré, en connaissance de cause des risques encourus ? Les conducteurs potentiellement insolvables. Le parallèle avec l'entreprise est évident : les seules entreprises qui n'ont pas besoin de mettre en oeuvre une politique d'achat responsable à long terme sont celles qui voient à court terme, sans engager d'importants fonds propres.

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