6 questions à Magali Combal sur « Savoir prendre du recul »

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6 questions à Magali Combal, formatrice et coach.

Elle anime la formation Savoir Prendre du Recul.

Qu'est-ce que prendre du recul ? De quoi parle-t-on précisément ? Quels sont les enjeux ?

Prendre du recul c'est d'abord accorder des priorités raisonnables aux différents projets et tâches, en fonction d'objectifs stratégiques, et s'y tenir autant que possible. C'est devenu critique à une époque où nous sommes continuellement interrompus, avec une forte pression pour répondre en « temps réel » à la demande. Si les tâches sont hiérarchisées au préalable, il est plus facile de respecter ces critères et de ne traiter que les vraies urgences sur le mode interruptif.

Comment faire ? Là, nous sommes au niveau du management, de la gestion de projet et de l'organisation de notre travail.

Pour prendre du recul, il faut aussi choisir avec discernement le degré d'investissement et de détail avec lequel on va réaliser la tâche. C'est-à-dire savoir dire « stop » et débrancher au juste moment. C'est une négociation entre le niveau de qualité requis - d'où l'intérêt de définir des critères avec son management ou son client - et l'ambition que nous avons pour la qualité de notre travail.

Comment faire ? Garder en tête les bonnes questions. Quelle est la demande ? Quels sont les objectifs à moyen/long terme ? Pourquoi je fais cela ? Pour qui ? Dans quel but ?

Enfin, et c'est sans doute l'aspect le plus subtil, prendre du recul c'est faire la différence entre s'investir dans son travail et s'identifier à son travail. S'investir au travail est bienfaisant : nous attendons du travail non seulement une rémunération, mais aussi la satisfaction de contribuer à un projet collectif et le sentiment de nous réaliser. En revanche, nous identifier à notre travail peut nous rendre vulnérables. C'est le cas, par exemple, lorsque nous agissons par culpabilité ou par un narcissisme disproportionné. Alors, le surinvestissement devient contreproductif, les contrariétés et frustrations se transforment en deuil de nous-mêmes.

Comment faire ? Faire la différence entre « moi » d'un côté, et « mon rôle », « ma responsabilité », de l'autre. Écouter et apprivoiser les émotions que notre relation au travail fait surgir. L'écoute de soi-même et des autres est alors précieuse. Et aussi se poser la question : « Qu'en est-il des autres domaines de ma vie ? ».

Les enjeux sont à la fois individuels et collectifs. Individuels, dans la dimension de connaissance de soi et de sa fonction, avec l'aptitude à s'inscrire dans un projet commun. Collectifs, dans la capacité de penser et organiser ensemble le travail en intégrant la diversité des personnalités.

Prendre du recul au travail permet de grandes économies d'énergie humaine, moins de gâchis de temps, santé, conflits et souffrance. C'est aussi une piste pour (re)trouver la joie au travail.

Vous sous-titrez la formation « sortez des pièges du perfectionnisme », pourquoi ?

Nos défauts sont souvent nos qualités en excès. La volonté de bien faire est un excellent moteur pour travailler avec succès et bonheur. Dans tous les métiers, il y a des tâches ou des étapes qui exigent un état d'esprit où « il ne faut rien laisser au hasard ». Reconnaître ces moments donne de la puissance. En revanche, fonctionner sur ce mode-là en permanence, sans discernement, c'est tomber dans le piège d'une quête sans fin, détachée de la finalité du projet, qui isole la personne de son équipe.

Pour être libres de la tyrannie de la perfection, nous avons besoin :
   - de comprendre notre rôle et nos objectifs,
   - de nous connaître suffisamment pour détecter le moment où nous quittons le « bien-faire » pour entrer dans la psychorigidité.

Ne pensez-vous pas que les conditions de travail et l'environnement pèsent considérablement sur la pression vécue par l'individu ? Comment prendre du recul sur des facteurs qui ne dépendent pas de soi ?

Vous avez raison, la pression ne vient pas seulement de la personne elle-même. C'est pourquoi les questions d'organisation, de définition des missions et de management sont essentielles dans les entreprises aujourd'hui. La marge de manœuvre de l'individu, c'est de se centrer sur sa responsabilité, prendre soin de lui-même et de sa communication avec autrui.

L'individu peut également faire des prises de conscience sur son mode de fonctionnement, ses stresseurs, ses émotions et sa façon d'y répondre. Et cela, croyez-moi, c'est beaucoup.

En quoi le perfectionnisme est-il une problématique de notre époque ?

Vouloir trop bien faire, en faire trop, être tatillon, ne sont pas des travers particuliers au 21ème siècle. Mais il y a des données propres à notre époque (comme la crainte d'être licencié, le non-droit à l'erreur, la multiplication des sources d'information, les moyens de communication instantanés, le syndrome « 24 heures chrono ») qui peuvent aiguiser le perfectionnisme de certains et transformer leur vie professionnelle en marathon. Sans parler de celle de leurs proches et de leurs collaborateurs.

Au bout du compte, il s'agit donc de travailler sur son rapport à l'entreprise ?

Oui, il s'agit de travailler son rapport avec l'entreprise et à la finalité de nos projets.

Et aussi, vaste programme, à nous mêmes et au sens que nous donnons au travail ! C'est en cela aussi que la vie professionnelle est un champ de développement passionnant.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

J'ai longtemps travaillé en entreprise. Pendant ces années-là, j'ai aimé me développer et apprendre grâce à mon métier, mes missions, le travail en équipe. J'ai aussi rencontré les problématiques que je reconnais aujourd'hui chez les personnes que j'accompagne : le stress au travail (qui soulève la question du corps et de la santé dans la vie professionnelle), l'affirmation de soi, le souci de performance, le partage des connaissances, la dynamique des équipes...

Les modèles que j'ai pratiqués puis intégrés alors pour mon propre mieux-être, sont devenus aujourd'hui mes outils en tant que coach, formatrice et professeur de Yoga. Ces trois métiers se complètent souvent dans les projets que je mène, qui sont à la croisée de l'efficacité et du bien-être.µ

06/06/2012

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