Savoir parler d'argent : managers, optimisez vos ressources…

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Interview d'Emilie Devienne, coach et formatrice (notamment formée à la Process Communication Management et certifiée à l'inventaire typologique jungien Golden (ECPA).

Elle anime la formation Savoir parler d'argent avec ses collaborateurs.

D'où viennent les difficultés à parler d'argent en entreprise ?


Parler d'argent, de manière générale, est toujours difficile. On se l'avoue plus ou moins ouvertement mais, par exemple, qui parmi nos confrères ou les membres de notre famille, se sent à l'aise d'annoncer haut et clair combien il ou elle gagne ?

Ainsi, s'il est déjà difficile de parler d'argent parmi les siens, il est encore plus délicat d'aborder le sujet dans son environnement de travail. Immédiatement, le sujet renvoie à la reconnaissance, à l'estime de soi en tant que professionnel, à la rumeur, à la jalousie, à l'ambition… Et ceci vaut aussi bien quand on occupe un poste décisionnel qu'opérationnel.

Enfin, parler d'argent exige deux mises en perspective :
- la première est d'ordre personnel : savoir ce que notre éducation, nos valeurs, notre histoire ont laissé comme traces dans notre relation à l'argent va colorer notre manière d'aborder le sujet au cours de notre carrière.
- la seconde est d'ordre contextuel : la culture de l'entreprise où nous sommes salariés et les réalités économiques auxquelles elle doit faire face.

En résumé, c'est entre perceptions individuelles et exigences collectives que l'on doit envisager le sujet du rapport à l'argent dans l'exercice de nos responsabilités professionnelles.

Quels sont les secrets des managers à l'aise avec cette question ?

La plupart d'entre eux savent déjà où ils en sont, sur un plan personnel, avec l'argent. Ils le prennent pour ce qu'il est, à savoir une énergie de transformation, mais aussi un signe de reconnaissance quand il est utilisé à bon escient. Ils savent que l'argent répond à une exigence économique et exerce aussi une fonction symbolique.

Les managers à l'aise quand il s'agit de parler d'argent pour leur propre compte ou avec leurs collaborateurs savent comment ajuster le curseur entre leurs qualités intrinsèques qui représentent leur plus-value et les données objectives du marché ou du secteur d'activité dans lequel ils œuvrent. 

Ils savent également que dans un cadre professionnel, ce n'est pas leur propre argent dont il s'agit, mais de l'argent d'une entité juridique, l'entreprise. Cette vision permet une saine mise à distance.

Ces managers qui peuvent parler d'argent sans tension ni illusion ont aussi appris à savoir dire « non ». Enfin, ils ont travaillé leur assertivité pour s'affirmer sans tout casser ou sans renoncer à eux-mêmes.

En résumé, les managers qui savent parler d'argent optimisent les ressources, ce mot étant entendu aux deux sens du terme : ressources au sens des finances et ressources au sens des savoir-faire et savoir-être qui font parties prenantes de la négociation financière.

Quelles sont les 1ères bonnes pratiques à adopter face à la demande d'augmentation d'un collaborateur ?

Elles sont de deux ordres : celles qui concernent la posture du manager et celles qui concernent la relation avec le collaborateur de son équipe engagé dans cette demande d'augmentation.

Les bonnes pratiques inhérentes au manager :
·   Développer sa confiance en soi, être au clair avec ses propres projections sur l'argent. Une connaissance de soi facilite une connaissance des autres.
·   S'appuyer sur une solide intelligence émotionnelle.
·   Etre capable de contextualiser la relation avec ce collaborateur venu demander une augmentation.
·   Se sentir légitime et fondé dans son rôle.

Les bonnes pratiques inhérentes à la relation manager/collaborateur :
·   Développer une bonne écoute.
·   Savoir entretenir la motivation avec discernement.
·   Trouver le bon moment et le cadre approprié.
·   Préparer arguments et contre-arguments. Dans ce type d'échange, il n'y a pas de place à l'improvisation.
·   Donner du sens (motiver, fidéliser un collaborateur…)

En résumé, il faut entendre le sens explicite certes, mais surtout implicite de la démarche du collaborateur quand il est à l'initiative d'une demande d'augmentation. Le sens guidera la conduite à tenir.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?

Je suis aujourd'hui coach et l'auteure d'une quinzaine de livres sur le développement professionnel et la croissance personnelle. Je pense, en effet, les deux domaines intimement liés. Cette activité s'inscrit dans le prolongement d'une première partie de carrière passée dans la communication, au Canada et en France.

Par rapport au sujet qui nous occupe ici, il me semble utile de préciser avoir écrit un livre qui a été réédité, « Cigale ou fourmi : les clés d'une bonne relation à l'argent » (InterEditions, 2011). Il s'inscrit au carrefour d'une histoire familiale et d'une expérience professionnelle. Que ce soit à titre de salariée ou à mon propre compte, je peux résumer ma conviction ainsi : de la même façon que nous devons nous comporter de manière congruente dans la vie, la stratégie de rémunération et la stratégie de l'entreprise doivent être « alignées » à leur tour.

04/06/12

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