Interview de Philippe ADAMI - Expert en négociations et médiations sociales dans la fonction publique

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Philippe ADAMI anime la formation
« Négocier autrement avec les partenaires sociaux dans la fonction publique »

En quoi le nouveau contexte législatif et réglementaire modifie en profondeur le pouvoir de négociation des organisations syndicales dans la fonction publique ?

La loi du 10 juillet 2010 étend très largement le champ de la négociation, qu'elle place au cœur du dialogue social à tous les niveaux, du national au local. Cet élargissement du champ de la négociation, est l'une des innovations les plus emblématiques de la réforme. Pour la 1ère fois, un vrai pouvoir de négociation - en parallèle des concertations dans les comités techniques - est donné aux acteurs concernés. Conjuguées à l'instauration du principe majoritaire comme critère de validité des accords, et aux nouvelles règles de représentativité des organisations syndicales (audience, base électorale élargie aux non-titulaires...), ces évolutions constituent un ensemble cohérent mais qui appellent à une véritable transformation des rapports sociaux de la part de tous les acteurs.

Selon vous, à quelles nouvelles difficultés risquent d'être confrontés les professionnels RH vis-à-vis des syndicats ?

Je vois deux problématiques majeures se développer :

- Il est clair que la loi peut donner l'impression de renforcer le poids des syndicats : disparition du paritarisme (la présence des employeurs sera numériquement plus faible que celle des organisations syndicales dans les comités techniques), obligation de représenter un projet suite à un premier vote unanime défavorable des syndicats, transformation des CHS en CHSCT, volonté de renforcer les moyens syndicaux (notamment en termes de carrières des syndicalistes))...Les DRH peuvent donc se dire que la barque est chargée et que leur quotidien va être de plus en plus difficile à gérer !

- D'autant, et c'est le deuxième point majeur, que tout cela se fait dans un contexte particulièrement défavorable aux grandes avancées. Les marges de manœuvre des DRH sont particulièrement faibles en termes d'évolution de salaires, de progression de carrière, de titularisation des contractuels, de modernisation des conditions de travail...Comment négocier dans la crise ? Telle est en fin de compte l'enjeu majeur de ces prochains mois.

Que conseillez-vous aux professionnels RH en charge des négociations pour se préparer à cette transformation des relations sociales ?


D'abord de prendre appui sur la volonté de changement affichée par tous les acteurs. Nous le savons bien, tout changement provoque crainte et incertitudes mais peut aussi être une formidable opportunité de débloquer un système qui, de l'aveu de tous, était à bout de souffle. Ensuite de se préparer, c'est-à-dire se former, à ce nouvel univers. Je suis depuis toujours convaincu que l'acte de négociations ne s'improvise pas, pas plus qu'il n'est « inné ». Il s'apprend, naturellement au fil des expériences vécues sur le terrain, mais aussi au travers d'apprentissage de connaissances sur les techniques de négociation, sur le fonctionnement des organisations syndicales (et dans la fonction publique, le paysage syndical est particulièrement complexe), sur la maîtrise des textes juridiques. Là aussi, cela peut être in fine une réelle opportunité de progression et d'ouverture pour les DRH

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