Libérer sa communication non-verbale

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Interview de Stephen Bunard, Media trainer, synergologue et coach en communication.

Il anime la formation « Communication non-verbale »

 

Les dirigeants et les managers s'interrogent souvent sur la façon d'améliorer leur communication non verbale en adoptant une gestuelle particulière. Les gestes ne constituent d'abord qu'une partie infime de notre langage corporel.

Beaucoup d'experts laissent entendre que fabriquer des gestes permet d'augmenter l'impact d'une communication. Or, recourir à des techniques de synchronisation ou de théâtre a parfois pour conséquence de rendre notre langage corporel inadapté et affecté.

 

Fabriquer des gestes est contre-productif

Ainsi des gestes de type martial, allant du haut vers le bas, permettraient de renforcer le discours du président Sarkozy quand il parle de la capacité du gouvernement à faire baisser le chômage. Un autre exemple marquant est la façon dont le président Chirac « dessinait » de ses mains le concept de « rassemblement », avec ce soin toujours étudié de rendre ses gestes exagérément amples.

De même, Daniel Bouton, patron de la Société Générale pendant l'affaire Kerviel, s'expliquant face au présentateur David Pujadas sur France 2, porte de manière trop régulière la main à son coeur, et à contretemps, pour que cela ne soit pas une figure de composition. Son émotion apparaît factice. Le fait qu'il soit soi-disant « touché » par cette affaire ne se lit pas par ailleurs sur son visage. L'absence d'émotion, l'émotion factice, l'émotion fugitive doivent en effet faire l'objet de toutes les attentions quand on lit un visage.

Pour tous ces cas, beaucoup de gestes pour rien, surtout quand on sait que celui qui fabrique des gestes est souvent le menteur. Ces gestes figuratifs cherchent à imager une réalité. Autant dire que cette vision comportementaliste (je crée des gestes pour créer une réalité) est fort contre-productive.

 

Travailler sa posture intellectuelle et émotionnelle

Qu'est-ce que le bon communicant fait plus naturellement que les autres ? Des gestes projectifs, à hauteur du tronc, souvent sans contact entre les mains : ils sont l'expression projetée de ses états d'âme, s'harmonisant avec ses convictions et son style. Le dirigeant ou le manager doit travailler la posture intellectuelle et émotionnelle en rapport avec le message qu'il doit délivrer, seule garantie d'expression de la sincérité. Il doit honnir l'imposture gestuelle.

Pour reprendre l'exemple précédent, si M. Bouton n'est pas authentiquement touché par les déconvenues qui affectent la Société Générale, il n'a pas à faire l'affecté lui-même. La manifestation d'une émotion n'est de toute façon pas suffisante pour constituer une ligne de défense. S'il se trouve que le patron de cette banque est réellement touché par cet événement, le travail avec le coach va consister à rendre explicite verbalement et corporellement ce ressenti.

Le travail du coach est en ce sens fort différent de celui du communicant qui voudra, lui, créer une image symbolique à donner en pâture aux médias et à l'opinion publique. Le communicant « spin doctor » a fait long feu à l'heure où l'opinion est de plus en plus perspicace et apte à détecter les fameux « éléments de langage » plaqués dans les prises de parole de dirigeants. « To spin », en anglais, c'est d'ailleurs en l'espèce tordre la réalité pour en donner un tour avantageux.

Alors, réfléchissons moins aux gestes que le nous devons faire et voyons ce qui vibre en nous pour le faire partager avec sincérité.

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