Gérer les pathologies psychiques au travail

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Interview de Thérèse Bouche, Psychologue clinicienne qui anime la formation Gérer les pathologies psychiques au travail.

Quelles sont les pathologies psychiques les plus fréquemment rencontrées dans le monde du travail ?

Les troubles anxieux
Normale et utile lorsqu'elle est d'intensité modérée et adaptée au contexte, l'anxiété peut devenir très handicapante si elle devient quotidienne et envahit et déborde la personne. L'anxiété devient alors un vrai signe de détresse qu'il ne faut pas négliger, car elle peut déboucher sur d'autres pathologies graves (burn-out, dépression, addictions, par exemple).

Le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel
Certaines professions y sont plus exposées que d'autres. Toutefois, s'il atteint le salarié lui-même, le burn-out est intimement lié à l'environnement humain et à l'organisation dans laquelle il travaille, sur lesquels les répercussions sont multiples et parfois très coûteuses.

La dépression
Plus ou moins masquée, aigüe ou chronique, la dépression est un syndrome grave, qui peut s'aggraver au moindre incident, et s'accompagne d'une grande variabilité de symptômes : addictions (alcoolique, médicamenteuse, etc.), problèmes de comportement, agressivité, troubles de l'attention, fuite des idées, baisse des performances, absentéisme, retards, conduites à risque, troubles obsessionnels compulsifs, risques accrus de suicide et tentatives de suicide, etc.

Les troubles bipolaires
Assez fréquents, ils nécessitent une évaluation précise car ils peuvent devenir extrêmement invalidants pour la vie professionnelle et quotidienne de la personne atteinte.

Les syndromes de stress post-traumatiques
Plus fréquents qu'on ne le pense, ils se traduisent souvent par des symptômes qui peuvent oblitérer sérieusement la vie professionnelle et familiale.

Quand peut-on dire que l'on bascule dans la pathologie ? Quels signes doivent alerter ?

La frontière qui marque le basculement du « normal » au « pathologique » n'est pas toujours facile à appréhender, et les signes d'une souffrance psychique sont parfois difficiles à détecter, nécessitant une bonne connaissance des symptômes qui la sous-tendent. En effet, la souffrance psychique peut se manifester à travers une grande variété de signes et de symptômes, et même évoluer à « bas-bruit » assez longtemps. Toutefois, les signes qui doivent alerter sont :
- Repli sur soi (retrait social), attitude d'évitement, ou au contraire, théâtralisme (histrionisme)
- Retards, ou absentéismes, répétés
- Problèmes de comportement (agressivité, irritabilité, anxiété généralisée, incivilité, etc.)
- Diminution des performances au travail
- Troubles de l'attention
- Conduites à risque
- Addictions (alcool, médicaments...)
- Harcèlement moral envers les collaborateurs
- Problèmes de comportement alimentaire (anorexie, boulimie)
- Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) 

Si vous n'aviez qu'une seule recommandation pour gérer un salarié souffrant de ce type de pathologie, quelle serait-elle ?

La première recommandation devant un salarié présentant  des signes de souffrance psychique, est de ne pas les ignorer, et de ne pas faire « comme si », il ne se passait rien. Parfois, c'est dans un souci de protéger le salarié que ses collègues et ses supérieurs hiérarchiques se gardent d'intervenir, ce qui est une erreur.
En parler avec lui et l'amener à en parler à quelqu'un de compétent pour l'aider, est une nécessité, mais pas n'importe comment. Il y a les attitudes à adopter et les paroles qui vont permettre à la personne souffrante d'accepter de se faire aider, et celles qui sont à rejeter car elles risquent d'aggraver la situation. D'où la nécessité de se former soi-même pour gérer au mieux ces pathologies psychiques dans le cadre du travail.

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