Interview sur les techniques rédactionnelles

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3 questions à Jean Laloux

Jean Laloux est spécialisé en stratégie de discours et de communication.

Il anime les formations Techniques rédactionnelles pour les professionnels de la communication et Communication institutionnelle

Quels sont les leviers pour professionnaliser ses écrits ?

Tout dépend de l'objectif : expliquer, séduire, convaincre, faire agir... Professionnaliser ses écrits, c'est d'abord savoir s'adapter aux différentes situations de communication rencontrées. Avoir un objectif avant de commencer à écrire le premier mot est une règle d'or. On n'écrit pas sans objectif !

Cela suppose en amont de maîtriser un certain nombre de fondamentaux. Le premier d'entre eux est avant tout comportemental : se défaire de l'idée qu'il existerait une manière de « bien écrire ». Il ne faut pas confondre « bien écrire » avec rédiger efficacement. Chercher à « bien écrire », c'est écrire pour soi, se faire plaisir avec les mots ; professionnaliser ses écrits, c'est écrire pour un lecteur dont on ne maîtrise pas toutes les contraintes : le temps dont il dispose ; son niveau de connaissance du sujet traité ; sa familiarité avec un vocabulaire métier ; etc. Professionnaliser ses écrits, c'est au final adopter une posture qui n'est prioritairement ni stylistique ni rhétorique, mais pragmatique.

Ecrire pour les réseaux sociaux implique-t-il de respecter des règles spécifiques ?

Pas vraiment. La difficulté pour un community manager en charge de la rédaction des posts est de dire le plus en écrivant le moins. L'exercice est difficile car chacun sait qu'il est plus difficile de faire court que long. La rédaction doit être cursive et implique une gestion habile des adjectifs, des adverbes et des connecteurs. Le bon dosage de ces catégories de mots va ou non densifier le propos et retenir l'internaute... ou le faire fuir. L'autre contrainte sur les médias sociaux et Internet plus généralement, c'est de rédiger en ayant toujours en tête les contraintes lexico-sémantique liées au référencement naturel.

Il importe également de s'adapter à ses interlocuteurs : les communautés Internet rassemblent souvent des gens aux profils différents malgré leur affinité commune, cela exige un bon dosage dans le style d'intervention, la complexité du propos, la réactivité aux attentes exprimées.

Et pour les écrits dits sensibles, par exemple en cas de crise, quels conseils donneriez-vous ?

Associer précision et clarté. Généralement, ces deux notions ont tendance à s'opposer : en recherchant la précision, le rédacteur professionnel sacrifie inévitablement un peu la clarté de son message essentiel ; en recherchant la clarté, il délaisse tendanciellement la précision. Cette alliance de la précision et de la clarté est un exercice délicat, mais indispensable en situation de crise. Sur le fond, il faut savoir jouer avec les registres de discours. En d'autres termes,  il importe de bien doser le registre émotif  (toujours très présent) et le registre argumentatif (ou rationnel). On observe très souvent une réponse rationnelle à la crise qui a des effets désastreux car elle donne une impression d'insensibilité ou d'indifférence au problème à l'origine de la crise. Le rédacteur doit donc faire preuve d'un maximum d'empathie... tout en conservant bien sûr une argumentation claire et précise. Sur la forme, il faut privilégier des parcours de lecture signifiants, quasi « pédagogiques ».

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