Accord sur les risques psychosociaux

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3 questions à Pierre-Eric Sutter, Psychologue du travail, Cabinet M@rs-lab, qui anime la formation Négocier un accord sur les risques psychosociaux.

Pourquoi est-il nécessaire pour les entreprises de négocier un accord sur les risques psychosociaux (RPS) ?

Parce qu'au delà des obligations légales, la prévention des RPS est de la responsabilité de tous : parties prenantes (Direction, représentants du personnel, IRP...), mais aussi managers et collaborateurs. Négocier un accord sur les RPS, c'est concrétiser et cadrer la volonté de tous d'être performants au travail de façon responsable : performant économiquement ET performant socialement.

Une performance économique qui ne se soucie pas de la performance sociale est irresponsable car c'est à terme mettre en péril et le compte de résultat de l'entreprise et la santé des collaborateurs. Il convient de cadrer la performance des entreprises en veillant à ce qu'elle soit compatible avec les capacités physiques et psychiques des collaborateurs. Pour ce faire, il est primordial que le regard sur les RPS ne soit pas univoque : chaque regard  importe, car s'il n'est pas suffisant à lui tout seul, il fait partie de la totalité des regards qu'il faut réunir pour avoir une vision juste sur le phénomène des RPS.

Quelles sont les difficultés rencontrées pour négocier cet accord ?

- La 1ère difficulté est de parvenir à un langage commun, tout comme à des représentations communes. Nous ne mettons pas tous la même chose derrière le mot « stress » car justement nous ne sommes pas les uns et les autres stressables par les mêmes stresseurs.

- La 2e difficulté est de parvenir à des objectifs communs. Si on reprend l'exemple du stress, on peut avoir la tentation de se focaliser sur les conséquences du stress en négligeant les causes ou inversement. Ce qui fait qu'on perdra de vue une partie de la réalité du stress en entreprise, et parfois de toute bonne foi ! D'où l'importance d'avoir un regard multiple sur le phénomène des RPS, de ne pas négliger les visions d'où qu'elles proviennent : vision globale et collective, vision locale et individuelle.

- La 3e difficulté, enfin, est de coordonner des actions communes qui prennent justement en compte tant le global que le local et l'interdisciplinarité des experts. Car justement les RPS sont à la conjonction de plusieurs focales et donc de plusieurs logiques : on ne peut pas appréhender les risques collectifs comme on appréhende les risques individuels. D'où la nécessité de faire travailler tous les experts ensemble, main dans la main avec les parties prenantes de l'entreprise.

Quels principaux conseils les entreprises doivent-elles retenir pour élaborer leur accord sur les risques psychosociaux ?

« Qui va piano va sano » : il ne faut surtout pas se précipiter, sous le coup de pressions externes ou internes. Mieux vaut signer un accord de méthode relativement flou mais avec des dead-lines qui laisse la possibilité d'amender les premières orientations prises, plutôt qu'un accord de fond signé à la va vite qui ne laisse plus assez de marge de manœuvre.

Y aller pas à pas :

- Former d'abord tous les acteurs des divers parties prenantes impliquées dans la politique de prévention pour avoir un langage commun, si nécessaire.

- Ensuite, entrer dans une démarche projet réellement participative, qui permet à chacun d'exprimer son point de vue et sa vision des problématiques de RPS, et qui permet aussi de prendre en compte l'existant et les moyens de l'organisation pour tendre vers la constitution d'objectifs communs.

- Enfin, déterminer quelles pourront être les actions à mettre en œuvre avec une idée claire de leurs moyens associés, sans prendre de décision définitive, pour ne pas boucher l'avenir... et signer en visant le plus grand nombre de signataires possibles !

18/01/2011

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