Interview de Philippe Gaudon, Président de séance de la conférence d'actualité Direction[s]

  • Partager via facebook
  • Partager via Twitter
  • Partager via LinkedIn

Loi Santé, CNH, Loi ASV, groupe Seraphin-PH, ... l'actualité du secteur fut riche cette année. Sommes-nous pour autant dans une réelle dynamique de réformes structurantes ?

Certes 2016, a vu la publication de deux lois importantes impactant pour partie les secteurs social et médico social. Des évolutions en résultent qui toucheront certainement marginalement nos secteurs et nos pratiques notamment en termes de prévention à la santé et à la perte d'autonomie et de structuration de l'offre (maintien à domicile).

Pour autant, ces dispositions ne constituent pas réellement des réformes de structure. Elles confirment plutôt des tendances fortes déjà impulsées, notamment par les grandes réformes qui ont marquées le début du siècle. Elles apportent également un peu de «  cosmétique » ou de précisions à des dispositions déjà bien ancrées.

On est plutôt frappés par la confirmation et l'avancée tangible de quelques concepts ou chantiers parmi lesquels, en effet, les travaux sur la réforme de la tarification des établissements pour personnes handicapées (même si le chemin sera long), et l'évolution positive des mentalités résultant des rapports de Mrs  D. PIVETEAU (« zéro sans solution ») et P. JACOB (« L'accès aux soins et à la santé des personnes handicapées ») que le secteur semble avoir bien accueilli et compris. 

En termes de règles de gestion, la généralisation des CPOM constitue sans doute également une marque de 2016, notamment au plan des départements qui semblent s'engager plus résolument dans cette démarche.

La recomposition de l'offre amorcée impactera t'elle les pratiques ? Dans quelle mesure ?

Cette recomposition de l'offre se traduit notamment par un encouragement de toutes les formes de services ambulatoires concourant au maintien à domicile des personnes âgées ou handicapées.

Le secteur de la protection de l'enfance n'échappe d'ailleurs pas à cette évolution, notamment en matière de diversification des accompagnements et d'un soutien renforcé à la parentalité et aux alternatives d'accompagnements.

C'est sans aucun doute là encore une tendance forte, confirmée par la nature des quelques appels à projets encore publiés dans le cadre des finances publiques très contraintes.

Au plan des pratiques, ces formes d'interventions imposent un effort majeur en termes de formation et de qualification des intervenants, désormais confrontés à des situations complexes tant au plan des poly pathologies que des environnements sociaux parfois associés.

Ce phénomène de « glissement » impacte également les pratiques en établissements, qui décrivent des situations « limites » et inquiétantes que les plateaux techniques installés (qualifications et nombre) ne peuvent parfois plus « gérer ».

Le vieillissement des travailleurs d'ESAT et les handicaps psychiques associés, le polyhandicap aggravé, la fin de vie en EHPAD, les formes de troubles associés au spectre autistique en constituent des illustrations malheureusement classiques.

En terme de démographie des professions de santé, on regrettera d'ailleurs la pénurie avérée de certaines qualifications (psychiatres ; para médicaux...) qui ne fait qu'aggraver la situation alors que le recours aux coopérations externes (soins de ville et hôpital) demeure souvent délicate.

Que peut-on attendre de 2017 ?

 Question piège... !

 Il n'échappera à personne que 2017 est marqué par des échéances électorales majeures ...

 A ce jour, seuls l'examen du PLFSS, en cours de débats, et les déclarations des Conseils Départementaux sur l'état des dépenses sociales de ces collectivités (RSA - APA) peuvent nous laisser supposer que 2017 sera bien une année de transition dont il ne faut pas attendre de miracle.

Il apparaît toutefois que le défi migratoire constituera un enjeu majeur en termes de dispositifs d'accueils et d'accompagnement.

 Pour le reste... on peut aisément imaginer que les grands mouvements engagés se poursuivront, en ce qu'ils répondent essentiellement à des évolutions sociologiques qui transcendent les clivages politiques.

Le passage généralisé des EHPAD en CPOM constitue un rendez-vous important pour les gestionnaires et les financeurs.

 S'il est question de moyens nouveaux, seule la conjoncture économique dictera l'ambition des plans et programmes de réponses aux besoins non couverts.

On pense notamment au nouveau plan polyhandicap, dont le chantier a été lancé à l'occasion de la CNH, et qui, outre les mesures relativement « indolore »s au plan économique touchant notamment la recherche et la production de RBPP (HAS – ANESM), appellera nécessairement des moyens financiers plus conséquents.

 Enfin, on observera avec attention l'avancée de la réflexion sur les réformes conventionnelles et la CCU (Convention Collective Unique), notamment à l'aune de la recomposition des partenaires sociaux employeurs.

Inscrivez-vous à notre newsletter

Recevez les articles du Mag des compétences